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Agathe the jazz

téléchargement (2).jpegEcrire sur la mort de sa mère est devenu un genre littéraire, me disait mon ami et éditeur Olivier Frébourg, tandis que je lui donnais à lire un manuscrit sur le motif. Mais nul ne semble armé pour pouvoir écrire sur la mort de son propre enfant. Pas même mon autre ami Didier Pourquery. Et pourtant Didier did it. Agathe, sa fille, était née en 1984 avec une vilaine mucoviscidose. Elle subit une, puis deux greffes de poumon, elle toussa les vingt-trois années de sa vie durant, souffrit. Elle était plus gaie que gaie, elle était intelligente, aimante, aimée, et un jour elle adressa un sms aux siens, après avoir appris de son médecin, devenu un confident, que ses jours étaient comptés, qui disait je vous aime. Et c'est là qu'en lisant L'été d'Agathe (Grasset), petit chef d'oeuvre de pudeur et d'amour viscéral, nos larmes éclatent et notre ventre se noue. Pour se détendre aussitôt, car Didier Pourquery écrit juste, avec le ton exact, la mesure du mot, le sens de l'émotion contenue, du tact idoine, la vérité crue au bout du stylo (nous l'entendons écrire), même si parfois cela déborde, et c'est normal. Le père ne cache pas combien il est souvent désemparé, maladroit, impuissant, lorsqu'il doit improviser devant tant d'inédit et de douleur à dompter du mieux qu'il peut. L'auteur achève cette adresse à sa fille d'un Je t'aime qui prend le poids, énorme, de l'aile du papillon que porte une fourmi, comme l'écrivit Ungaretti. Didier avait repris ses carnets de notes - il a tant noté tandis qu'il espérait de toutes ses forces, avec la mère et les soeurs d'Agathe, et tandis que sa fille vivait, entre un hôpital et l'île d'Oléron, où, un jour d'août 2007, elle fut dispersée par des parents pieds nus - ainsi qu'elle le désirait, et il a accompli un devoir extraordinaire de père. Celui que nul ne souhaite à aucun homme. Et cela donne un livre précieux entre tous, parce qu'il nous parle, avec les mots simples de l'amour et de la douleur que l'on s'efforce d'enfouir, avec des mots empreints d'une douceur et d'une grâce magiques, de l'existence essentielle. Un livre surhumain. L.M.

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