Procida amore mio
Une semaine sur l'île de Procida regonfle, donne envie de continuer d'écrire, d'écrire là-bas aussi, à défaut d'y vivre; entre deux balades en scooter d'une plage l'autre, et deux terrasses de restaurants de poissons et de fruits de mer. L'île n'est-elle pas devenue un jardin d'écriture, où Elsa Morante écrivit plusieurs de ses livres, dans la propriété Mazzella di Bosco ou hôtel Eldorado (rebaptisée ll giardino di Elsa), avec ses allées de citronniers qui poussent leur feuillage jusqu'à ce balcon merveilleux, en bord de falaise, au-dessus de la plage de Chiaia et du petit port de la Corricella, avec la côte amalfitaine et Capri à l'horizon ? J'en reviens et comme à chacun de mes retours de cette île-querencia, je suis la proie d'une mélancolie tonique, que la lecture de L'isola nomade (adm editoriale, sept. 2010), recueil de récits sur Procida rassemblés par Tjuna Notarbartolo, écrivain et présidente du Prix Elsa-Morante, augmente cette fois d'une joie singulière, celle qui rassérène car elle est fleurie de promesses et de bonheurs à venir, encore, bientôt ; là-bas.
(Peinture de Luigi Nappa, photo LM, couverture du livre et peinture de Roger Chapelet, représentant le s/s Procida...).
Commentaires
Cher Léon,
Tu connais, bien sûr, le livre de Veilletet, Querencia, j'en possède un exemplaire dédicacé of course,
à Claude Doglio cette petite incursion dans le pays des "terrains" salon du livre de Bordeaux, 6-X-91
(presque 20 ans), ce qui me permet d'évoquer ce grand monsieur et révéler mon identité par la même occasion ( pour les "quelques uns" qui te lisent...)
et je cite,(page 41)
N'importe où mais ailleurs
Le journalisme m'a au moins administré une leçon : il est souhaitable de se conformer au précepte populaire qui enjoint d'aller voir ailleurs si l'on y est. On a, en effet, des chances de s'y trouver.
......Quitter fréquemment Bordeaux m'a sans doute aidé à mieux le connaître, à l'aimer de façon plus sereine. Nous n'avons pas de comptes à régler.
Subtil LEO NEMO... En page 45 du précieux "Querencia et autres lieux sûrs"*, qui vaut 1000 fois mieux qu'une certaine (et trop heureuse) "Première gorgée de bière", l'immense P.V. (c'est ainsi que nous le nommions, lorsque nous étions pigistes aux pages Lettres de SOD : sud-ouest dimanche, Alina Reyes, Sophie Avon et quelques autres avec moi-même), écrit ceci, qui corrobore généreusement mais avec ce tact qui est sa touche : "Plus que partir, me semble-t-il, revenir est la grande affaire.
Revenir sur ses premières impressions, sur les divers âges de notre vie scellés par nos déplacements... A chacun des êtres qui constituent ce que nous sommes correspond un de ces pôles d'aimantation vers lequel nous allons comme à un rassemblement intime, une récapitulation de soi-même. C'est pourquoi les "querencias" ne me sont pas moins précieuses que la terre natale. Le désir d'écrire naît du va-et-vient entre celle-ci et celle-là, entre point de départ et points d'ancrages, dans le mouvement même de l'être déplacé."
Et c'est ainsi qu'Allah est grand aurait conclu Alexandre Vialatte dans "La Montagne". Je dis, moi : Et c'est ainsi que Pierre Veilletet est, peut-être, plus gracquien que Pierre Michon ou Pascal Quignard.
*Repris chez Arléa/Poche sous le titre : "Mots et merveilles".
hum ! territoire de fêlins....
Suis plutôt du genre éléphant (Babar au pays des toros),http://www.arlea.fr/_Pierre-Veilletet_