Mort d'un écrivain rare
J'ai connu Pierre Moinot. L'Académicien français, auteur de l'inoubliable, du magnifique "Guetteur d'ombre" (folio, Prix Fémina 1979), entre autres bijoux, était un homme exceptionnel. J'ai eu la chance de travailler avec lui, à son domicile parisien de la rue du Cherche-Midi, à mon recueil de nouvelles "Les Bonheurs de l'aube", avant de le faire avec mon éditeur Olivier Frébourg. Pierre était l'un de mes souteneurs en littérature, avec Jean-Jacques Brochier (disparu l'année dernière). Il avait beaucoup oeuvré pour que j'obtienne le Prix Jacques-Lacroix de l'Académie française en 1993, pour mon premier roman "Chasses furtives", et lorsque Michel Déon en fit la préface pour sa réédition en 1995, Moinot me chuchota qu'il aurait été heureux de la rédiger, lui aussi... Je m'étais juré de lui demander une postface pour sa nouvelle édition prochaine (chez Privat en septembre) : trop tard. Pierre est mort le 6 mars dernier. Il était devenu aveugle et mes dernières lettres, adressées il y a deux ans -il voyait encore-, je les avais composées en corps 18, à l'ordinateur... Nous avons écrit un livre ensemble, et j'en suis encore plus fier aujourd'hui : "Chasses à coeur ouvert", avec Xavier Patier et Philippe Verro aussi (éd. du Gerfaut). Quatre textes de réflexion, pour dire que le chasseur a le pouvoir de donner la mort, mais aussi celui de ne pas la donner... Gallimard, l'éditeur de Pierre Moinot, annonce pour le mois d'avril, la parution de "La Saint-Jean d'été. Il y est question d'un gamin du marais poitevin "qui découvre le pouvoir de l'imaginaire, croit aux merveilles, espère des découvertes et ressent intensément son appartenance à la nature et à son histoire. Avec le grand âge, rien n'a changé". Pierre Moinot avait 86 ans.