Sauver Boualem Sansal
Nous redoutions cette arrestation depuis longtemps. Boualem Sansal m’avait confié bien pire et bien plus beau : « je sais que je peux être tué d’une minute à l’autre, mais je préfère ne pas y penser et continuer de vivre normalement en Algérie, car si je prends peur, je transmets ma peur à ma femme et ça je ne le souhaite pas... Mais je suis peut-être devenu trop connu pour risquer désormais quelque chose ». J’aime Boualem depuis notre première rencontre, j’aime tous ses livres, son rarissime courage, sa bonté, sa franchise, sa gentillesse, son inquiétude majeure pour une France – dont il aime tant la langue et l’histoire - devenue démesurément pleutre devant l’islamisme qui la gangrène. Boualem figure à mes yeux un sage indien des hautes plaines, une sorte de Socrate, une Cassandre pugnace, un écrivain d’une trempe fougueuse, que seuls l’obscurantisme à front de bœuf et « la marée montante de la bêtise » (Camus) peuvent démolir. Nous devons absolument tout faire pour sa libération. Tout. Et prier pour que rien de grave ne lui arrive. L.M.