Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Vins de l'été qui vient, suite de notre sélection

    Capture d’écran 2016-04-28 à 19.59.12.pngExcellent rosé des coteaux du Languedoc : La Bergerie de l'Hortus, des fameux vignobles Orliac (syrah, grenache, mourvèdre par tiers). C'est rond, salivant, fruité, gourmand, vineux, pas d'agrumes cassants, un acidulé bien dosé au contraire, et une jolie longueur chouia citronnée. Robe saumonée, soutenue sans être sombre, nez fruité et franchement friand. Ananas, fraise, framboise en bouche, après un léger poivré à l'attaque. Une beauté à boire à l'apéro, et  - même -, une bouteille que l'on reprend pour la finir à table, au moins avec l'entrée. (11€).

    Le château Recougne, des vignobles Xavier Milhade,Capture d’écran 2016-04-28 à 20.14.53.png un bordeaux mixed sauvignon/sémillon, est un blanc qui exprime ce côté agrumes (trop courant, désormais, comme pour les rosés), éclatant, mais qui peut gêner, et qu'une acidité cousine - celle de la pomme verte - vient refroidir tendrement, comme par compassion. Mais, nous y cherchons en vain le plaisir simple de boire un blanc humble de Bordeaux. Qui serait gourmand et sans complexe. Certes, une touche de groseille, curieusement, pointe sa pulpe en arrière-bouche. Et convoque quelques huîtres du Bassin (7€)

    RS, Rosé Séduction, est une création Plaimont. Et Capture d’écran 2016-04-28 à 20.27.59.pngj'adore cette cave gersoise. Voici un rosé (en appellation Saint-Mont), issu de pinenc, de tannat et de cabernet-sauvignon. Robe pâle et élégante, nez vif et parlant : groseille et framboise palabrent, tchatchent, tandis que nous passons déjà à l'étage supérieur de la fusée : bouche ample, avec une vivacité qui insiste, la bougresse, en envoyant ses fruits rouges frais et bavards, tout en appelant les bulots et la mayo à la rescousse. Soit un rosé bien réglé (5€)

     

    L'abus d'alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.

  • Parle plus bas si c'est d'amour

    Capture d’écran 2016-04-28 à 09.42.44.pngIl y a des parfums shakespeariens dans l'atmosphère. Qui s'en plaindrait! Hier soir, Arte redonnait Beaucoup de bruit pour rien, du fougueux (et egocentrique) Kenneth Branagh - avec la superbe Emma Thompson, entre autres (le casting est de rêve) : la joie, la jeunesse, la beauté, l'audace, l'honneur, la frivolité et la turbulence des sentiments, la jalousie, la vengeance, l'amour, la délicatesse, la force... C'est d'ailleurs de cette pièce que la phrase reprise en titre de cette note est extraite. Et c'est le titre que Grasset (Les Cahiers Rouges) propose pour une petite anthologie délicieuse, en forme de dictionnaire d'à peine 130 pages, des citations du grand Will, dispersées dans ses quarante pièces et ses cent quarante-quatre sonnets. D'Ambition à Vieillesse, nous musardons et retrouvons avec un air satisfait Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves (Prospero, dans La Tempête), Un cheval! Un cheval! Mon royaume pour un cheval! (Richard III), et sans aller jusqu'à chercher To be..., nous tombons sur des perles, comme L'oiseau de l'aube chante toute la nuit (Hamlet), ou Les paroles qui les accompagnaient étaient faites d'un souffle si embaumé qu'ils en étaient plus riches. Puisqu'ils ont perdu leur parfum, reprenez-les; car, pour un noble coeur, le plus riche don devient pauvre, quand celui qui donne n'aime plus (Ophélie, dans Hamlet). Le même éditeur propose également un "vrai" Hamlet, présenté par Gérard Mordillat, qui en connaît un rayon. Il s'agirait là de la version antérieure à celle que le monde entier joue à l'envi sur toutes les scènes. Et qui aurait été écrite à quatre mains, avec le concours de Thomas Kyd donné à Shakespeare. C'est ce qu'affirmait un universitaire britannique, Gerald Mortimer-Smith, shakespearien éruditCapture d’écran 2016-04-28 à 09.43.16.png jusqu'au bout des ongles et des cheveux (disparu il y a tout juste sept ans), et avec lequel Mordillat a travaillé. Nous tenons donc là, en traduction, le fameux proto-Hamlet. Soit un petit événement dans le mundillo. Quoiqu'il en soit, c'est une belle occasion de relire une pièce qui nous offre d'emblée des bouquets de fleurs printanières. En voici deux. L.M.

    Horatio :

    Mais moi je veux mourir sur tes lèvres, maîtresse

    C'est ma gloire, mon heur, mon trésor, ma richesse

    Car j'ai logé ma vie en ta bouche, mon coeur.

    Hamlet :

    Doute que les astres soient des flammes

    Soute que le soleil tourne

    Doute de la vérité même

    Mais ne doute pas que je t'aime.

    Capture d’écran 2016-04-28 à 10.07.51.pngAlliances :

    Le Beaujolais rosé de Dominique Piron, parce qu'il est à la fois délicat et profond. Nous tenons là un gamay (2015, bien sûr), floral et rafraîchissant comme on l'aime en cette saison.

    Pour 7€, c'est une affaire.

    Avec une pièce de luth de John Dowland, of corse! Le compositeur qui illustra les pièces de Shakespeare de son vivant.Capture d’écran 2016-04-28 à 10.26.38.png

    podcast

    Il s'agit en l'occurrence d'une Lachrimae, interprétée par mon ami talentueux Raymond Cousté.

    L'abus d'alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.

    Mais l'abus de poésie, de verbe, de musique élizabethaine et de beauté, eux, ne le sont pas... 

  • Les réparties de Nina, Rimbaud

    Capture d’écran 2016-04-28 à 08.34.16.pngUn poème long comme une ivresse, une espèce de Sensation étiré : ouvrez vos narines, pensez au Printemps, laissez aller vos désirs, roulez dans l'herbe, faites l'amour, et la poésie...

    Les réparties de Nina

    LUI – Ta poitrine sur ma poitrine,
    Hein ? nous irions,
    Ayant de l’air plein la narine,
    Aux frais rayons

    Du bon matin bleu, qui vous baigne
    Du vin de jour ?…
    Quand tout le bois frissonnant saigne
    Muet d’amour

    De chaque branche, gouttes vertes,
    Des bourgeons clairs,
    On sent dans les choses ouvertes
    Frémir des chairs :

    Tu plongerais dans la luzerne
    Ton blanc peignoir,
    Rosant à l’air ce bleu qui cerne
    Ton grand oeil noir,

    Amoureuse de la campagne,
    Semant partout,
    Comme une mousse de champagne,
    Ton rire fou :

    Riant à moi, brutal d’ivresse,
    Qui te prendrais
    Comme cela, – la belle tresse,
    Oh ! – qui boirais

    Ton goût de framboise et de fraise,
    O chair de fleur !
    Riant au vent vif qui te baise
    Comme un voleur ;

    Au rose, églantier qui t’embête
    Aimablement :
    Riant surtout, ô folle tête,
    À ton amant !….

    ………………………………………………..

    – Ta poitrine sur ma poitrine,
    Mêlant nos voix,
    Lents, nous gagnerions la ravine,
    Puis les grands bois !…

    Puis, comme une petite morte,
    Le coeur pâmé,
    Tu me dirais que je te porte,
    L’oeil mi-fermé…

    Je te porterais, palpitante,
    Dans le sentier :
    L’oiseau filerait son andante
    Au Noisetier…

    Je te parlerais dans ta bouche..
    J’irais, pressant
    Ton corps, comme une enfant qu’on couche,
    Ivre du sang

    Qui coule, bleu, sous ta peau blanche
    Aux tons rosés :
    Et te parlant la langue franche – …..
    Tiens !… – que tu sais…

    Nos grands bois sentiraient la sève,
    Et le soleil
    Sablerait d’or fin leur grand rêve
    Vert et vermeil

    ………………………………………………..

    Le soir ?… Nous reprendrons la route
    Blanche qui court
    Flânant, comme un troupeau qui broute,
    Tout à l’entour

    Les bons vergers à l’herbe bleue,
    Aux pommiers tors !
    Comme on les sent tout une lieue
    Leurs parfums forts !

    Nous regagnerons le village
    Au ciel mi-noir ;
    Et ça sentira le laitage
    Dans l’air du soir ;

    Ca sentira l’étable, pleine
    De fumiers chauds,
    Pleine d’un lent rythme d’haleine,
    Et de grands dos

    Blanchissant sous quelque lumière ;
    Et, tout là-bas,
    Une vache fientera, fière,
    À chaque pas…

    – Les lunettes de la grand-mère
    Et son nez long
    Dans son missel ; le pot de bière
    Cerclé de plomb,

    Moussant entre les larges pipes
    Qui, crânement,
    Fument : les effroyables lippes
    Qui, tout fumant,

    Happent le jambon aux fourchettes
    Tant, tant et plus :
    Le feu qui claire les couchettes
    Et les bahuts :

    Les fesses luisantes et grasses
    Du gros enfant
    Qui fourre, à genoux, dans les tasses,
    Son museau blanc

    Frôlé par un mufle qui gronde
    D’un ton gentil,
    Et pourlèche la face ronde
    Du cher petit…..

    Que de choses verrons-nous, chère,
    Dans ces taudis,
    Quand la flamme illumine, claire,
    Les carreaux gris !…

    – Puis, petite et toute nichée,
    Dans les lilas
    Noirs et frais : la vitre cachée,
    Qui rit là-bas….

    Tu viendras, tu viendras, je t’aime !
    Ce sera beau.
    Tu viendras, n’est-ce pas, et même…

    Elle – Et mon bureau ?

    Arthur Rimbaud, Poésies