Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Bestiaire parisien

Humeur matinale

Je pensais un peu naïvement que l’espèce la plus répandue, à Paris, était le pigeon, ce biset malade et dégénéré, lesté de plomb gazeux et nourri aux déchets et autres excrétas. Puis, je me suis vite aperçu que c’était le blaireau. Ca court les rues, et les trottoirs. Talonné, en nombre, par le requin. Lequel est suivi de près, dans mes statistiques, par le vautour. Lorsque je note la présence de vautours, j’observe une colonie de faisans dans un périmètre proche – c’est la logique de la prédation. Il faut que ça vampirise pour exister, ces bêtes-là. Dans certaines zones où  le maquereau abonde, la morue n’est jamais loin, en nombre conséquent elle aussi. Il s’agit là de logique de dépendance, un peu comme la chienne alimentaire (jamais loin de son maître). La bécasse gazouille bruyamment dans les magasins de prêt-à-porter, où passent des musiques insultantes pour les tympans moyens. J’ai noté, encore, la présence de plus en plus arrogante de corneilles noires toujours plus nombreuses et adaptées comme c’est pas permis (mais ça, c’est une vraie observation ornithologique, pas une blague). Et puis non ! L’espèce la plus répandue, dans cette ville de petit Noé, c’est vraiment le mouton. Je ne vous dis pas… Je ne vous dis pas ce que je ramasse chaque jour, et aux mêmes endroits, de surcroît ! A croire que le mouton se reproduit mieux que le lapin (encore un mythe, ça, comme la bécasse – qui est en réalité un oiseau intelligent). Ici, là, puis là aussi, derrière une porte – que dis-je : derrière chaque porte. Sur les étagères, sous le machin, dans l’encoignure, et là aussi, partout, partout les moutons prospèrent. En tas, en boule, en agneaux filamenteux, en trainées, en gros tas (ah, là, c’est ma faute : je n’avais pas soulevé le lit depuis des lustres), et ça sort, et ça se pose, et ça se tient chaud, ça créée des groupes, et allez ! Groupir, groupir, on dirait qu’ils veulent à tout prix être au cœur du selfie. Et ça vient de nulle part – mais oui, d’ailleurs, ça sort d’où, tout ça, vous le savez, vous ? Y’en a, mais y’en a…. Un courant d’air et ils se carapatent, en plus. Ils détalent. Le balai, l’aspi (pratique pour les selfies spéciaux), l’huile de coude, n’en peuvent mais. Ca revient le lendemain. C’est le rythme. Quotidien. Certes, l’homme n’est que poussière. « D’où l’importance du plumeau », me souffle Alexandre Vialatte. Quand même. J’aimerais me sentir moins berger lorsque je rentre chez moi. Pas vous ? L.M.

 

Les commentaires sont fermés.