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Prix Elsa Morante, session paroles en musique

211217_392347694167351_1026296184_n.jpgPour l'édition du centenaire de la naissance de l'auteur de L'île d'Arturo, de Aracoeli, de La Storia et autres chefs-d'oeuvre, le Prix Elsa Morante -présidé par Tjuna Notarbartolo, une amie follement amoureuse de Procida, écrivain (son dernier livre A volo d'angelo, Felici editore, connaît actuellement un joli succès dans la Botte) et critique littéraire napolitaine, morantienne jusqu'au dernier cheveu noir jais-, s'enrichit d'une session "paroles en musique" (présidée par Dacia Maraini) -signe d'ouverture des prix littéraires italiens totalement inédite, inconnue, voire inenvisageable (?) en France. Il a désigné ce matin la chanteuse Gianna Nannini pour le côté morantissime de ses chansons et surtout deimages.jpg leurs paroles. Extrait du Corriere della sera de ce jour : Nel centenario della nascita di Elsa Morante, il Premio intitolato alla grande scrittrice si arricchisce di una nuova sezione, 'Parole in musica', dedicata ai grandi cantautori italiani, e la giuria presieduta da Dacia Maraini premia Gianna Nannini ''per la narrativita' luminosa delle sue canzoni, veicolo di emozioni nel senso piu' 'morantiano' del termine'. Voici le site de Gianna Nannini, italianissime comme on aime, la voix éraillée à mort, qui semble gravée à la grappa et à la clope, à l'insomnie et au sexe; bref d'un certain glamour... : index.jpghttp://www.giannanannini.com/it/home/ Il donne de nombreux courts extraits de ses chansons, pour ceux qui ne connaissent pas encore le timbre mélancolique de sa voix. On aime ou on n'aime pas. "C'est variétoche à donf!", diront certains. Et alors? L'éclectisme n'empêche pas de continuer de frissonner en écoutant Schubert, de pleurer en écoutant les Doors et Bashung, d'être bouleversé en écoutant M. de Sainte-Colombe et Chet Baker et d'aimer aussi Nannini sans se sentir incohérent!.. Indéniablement, l'italianité, la langueur, le fading des chansons de Gianna N.téléchargement.jpeg rappelle -en la modernisant considérablement, cela va de soi-, la prose langoureuse, enveloppante, envoûtante, impregnée de tant de sortilèges de "la" Morante, dont on ne se lasse pas de relire L'Île d'Arturo, entre autres romans marquants de la littérature italienne du XXème siècle. Lire par ailleurs ses Récits oubliés publiés par Verdier, l'heureux et méritant éditeur de Lagrasse qui vient de remporter ce matin le Prix Décembre avec Mathieu Riboulet et ses Oeuvres de miséricorde.

Un autre mot, tiens, à propos de Prix d'automne, sur la surprise du Renaudot, attribué hier : je déjeunais tardivement (et pour cause) avec un ami finaliste de ce prix, Christian Authier, qui me fit part en me rejoignant au Comptoir du Relais (de l'Odéon, Paris VI), piloté par notre pote Yves Camdeborde, de la stupeur qui planait chez Stock, son éditeur, où un autre finaliste, Vassilis Alexakis, donné favori, affichait une triste mine. Chacun sait à présent que Jean-Marie Gustave Le Clézio a sorti de son chapeau, au dernier moment (après dix tours de piste) un livre,index.jpg  Notre-Dame du Nil (Gallimard, éditeur de Le Clézio... et qui n'avait pour l'heure rien raflé dans la course aux Prix) et son auteure rwandaise méconnue, Scholastique Mukasonga, alors qu'il ne figurait pas sur la short list et que peu de jurés avaient même eu connaissance du livre (Jérôme Garcin, de L'Obs, l'avait, lui, lu et en avait rendu compte dans ses pages). L'auteure, aussitôt prévenue, aurait même cru à une blague par téléphone. C'est dire! Comment comprendre une telle surprise dont le Renaudot est d'ailleurs coutumier (Némirovsky et Pennac, déjà, pour des raisons différentes...). Le non-respect des règles, passe. Ce détournement au service de rattrapages, non. Mais on va encore penser que je suis mauvaise langue.

Mais bref, bravo à l'initiative, à l'esprit d'ouverture du Prix Elsa-Morante et à l'équipe qui l'anime sans compter ni son temps ni son énergie (je pense notamment aux soeurs jumelles Iki et Gilda Notarbartolo, ainsi qu'à Enzo Colimoro, tous trois brillants journalistes napolitains). Un seul regret : que ce prestigieux prix littéraire ne soit plus attribué à Procida. Mais bon, je m'en suis déjà consolé...

Photos : Elsa Morante, Gianna Nannini, Scholastique Mukasonga.

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