Ecrire, c'est exister contre
Elisabeth Barillé, dans son Petit éloge du sensible (folio) : "Savourer ses sensations suppose d'en rester un tant soit peu détaché. C'est l'art des oenologues : ils posent dans leur bouche un passage de vin à déguster, en tournant attentivement les pages, en brassent les saveurs. Quand ils le recrachent, leur coup de langue est aussi un coup du cerveau se détachant de ce qu'il vient de savourer en le jugeant. En gros, tout est affaire de diététique (de dieu, d'été, d'éthique). La finesse du sensible dépend d'une diététique de la conscience. D'elle, Roland Barthes disait qu'elle était, au sens banal du terme, un plaisir."
Plus loin : "S'il suffisait de se lâcher pour écrire, tout le monde écrirait. Se lâcher, c'est à la portée de tous, alors qu'écrire, c'est faire preuve de contrôle, juger ses pensées, peser ses mots. Inventer un langage, son langage. Poser sa voix. Ce n'est pas si simple..."
Enfin : "Ecrire, c'est résister sans cesse. Ecrire, c'est exister contre."
Commentaires
écrire disent-ils
Écrire. C'est quelquefois de l'oxygène...Sans les bouteilles...
Ou alors mieux! C'est les remplir, pour pouvoir survivre...
Bonsoir !
Manifestement ,ton blog a de quoi faire palir l ecran d'un pigiste professionnel. :)
@ l'énigmatique easydentic : je ne comprends pas le sens de votre (ton?) intervention. Je suis allé faire un tour sur le site éponyme; je ne vois toujours pas... Merci de m'éclairer.
Juste que j'avais loupé ce post là...dans la série des "éloges", mais tu l'avais évoqué cher Léon , il me semble, à ta façon kally vascienne, "l'éloge de la douceur" ( "Petit éloge de la douceur" pour être précis, soyons donc précis) par Stéphane Audeguy...un petit bijou dont les phrases ( parfois on dirait d'un Roland Barthes Simpson....finesse langagière, le frôlement d'un nuage, et aussi, et surtout cette lucidité corrosive...tapie comme ça sous la langue; désolé j'écris avec les pieds ce matin...bref ça aussi c'est à lire ou re comme tu nous le conseillais...nous y invitais chaudement...
Oui Benoît, j'ai parlé de ce petit bijou de livre, signé Stéphane Audeguy, sur ce blog, notamment les 17 et 22 octobre 2007. Cette collection est d'ailleurs intéressante et d'un éclectisme rare. On y trouve de tout : la bicyclette, la jalousie, l'excès, la mémoire...