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  • Zita au pays de l'ours

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    Heureux de voir repris en folio le 16 mai prochain, « La grande ourse », de Maylis Adhémar, paru chez Stock l’an passé, et que nous avions présélectionné pour le Prix François Sommer 2024 (qui échut finalement à Fanny Wallendorf pour « Jusqu’au prodige », Finitude), car j'avais ardemment cru en ce livre lors des délibérations. C’est un roman puissant qui se déroule dans le Couserans, en Ariège, en montagne, au pays des ours, dans des vallées et des villages reclus, mais pas abandonnés. L’histoire est bien construite, la narration souvent palpitante, l’écriture est belle, le style haletant et précis, il y a là un véritable ton. Le roman vire quelquefois à l'essai romancé, surtout dans la seconde partie, lorsqu'il est question des ours à problèmes et de la dure condition de berger. Zita, double de l’auteur, est un formidable personnage central d’une force rare, intelligente et intransigeante. Pierrick, son homme rencontré « un samedi d’automne pluvieux, au creux de cette jeune montagne de quarante millions d’années » dans un bar plein à craquer est un citadin un peu falot, en contrepoint. Maylis Adhémar nous livre un bouquet de fulgurances sur les néo-ruraux, les bobos toulousains, les ruraux bourrus, les rugbymen rustres, les chasseurs mal dégrossis, ainsi qu’une galerie de portraits sensibles de vieux, d’éleveurs en détresse, de paysans. Zita Albouy a beaucoup voyagé en pleine nature avant de revenir à Ossèsse, où elle vit le jour en juillet 1985.  Ingénieur agronome globe-trotter cinq années durant, elle revient donc au pays, dans la ferme familiale. Elle est demeurée farouche, primitive, amoureuse, exclusive, sauvage, mi-chatte, mi-tigresse. Sa jalousie à l’encontre d’Émilie, et même d’Inès, l’ex de Pierrick et leur fille, est d’ailleurs moins réussie. La mièvrerie pointe sa mine dans le récit lorsque Inès tente d’accuser Zita d’avoir tué l’ours Anis. Mais l’évocation de Callisto, dans la dernière partie, clôt avec superbe le roman : Callisto, violée par Zeus, enfanta Arcas avant d’être transformée en ourse par l’épouse légitime de Dieu. La femme-fauve devint la proie de son propre fils, chasseur. Callisto et Arcas furent élevés dans le ciel par Zeus et devinrent des constellations. La Grande Ourse et la Petite Ourse, guides des égarés et des rêveurs de nuit... L.M.

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    Maylis Adhémar (photo © Astrid di Crollalanza).