Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Monsieur Paul préférait son calibre 12

    Capture d’écran 2018-01-20 à 17.18.21.pngJe me souviens bien d'une poularde de Bresse, et avec davantage de précision du son que fit la croûte qu'il me fallut casser avec l'épaule d'une cuiller afin de découvrir et commencer d'absorber un petit lac circulaire : la soupe VGE à la truffe, ou plutôt le grouillant salmigondis d'une colonie de truffes en déroute, en morceaux et en soupe... Cela se passa à Bocuse-ville... Je me souviens surtout du regard gras, valisé, lippu même, mais palpitant comme un oiseau que l'on tient avec peine et délicatesse entre nos paumes juste jointes et pas serrées... Du regard - appuyé - de Monsieur Paul. Je me trouvais là plus ou moins pour GaultMillau comme on dit, dont j'assurais alors la direction des rédactions (du magazine et des guides), mais justement et délibérément sans aucune obligation, soit sans carnet de notes à noircir, décontracté du stylo; à la fraîche de surcroît... Pourvu du seul plaisir d'une errance mycologique choisie. En ouiquende, aurait écrit Roger Nimier, ou bien luxueusement en visite. Et aussi (car, même en roue libre j'ai un angle d'attaque en tête, c'est plus fort que moi) pour l'ineffable plaisir d'échanger avec la sensibilité vive et qui bouillait sous une longue toque blanche (coiffant une tête bien faite ayant toujours préféré la bonne vieille casquette en tweed qui renifle la sauvagine), à propos des sarcelles rebelles et des bécassines tellement furtives de la Dombes - oiseaux vénérés que j'ai toujours adoré décrocher du plus loin que je le pouvais avec mon léger calibre 20 et à contre vent, tandis que Monsieur Paul confessait sans ambages préférer son calibre 12, afin d'assurer, appuya-t-il de sa voix rétablissante. C'était son côté saucier. Celui que nous regretterons ce soir et à l'instar d'une épaule, au creux d'une époque light et rabougrie, pleutre et en manque de sel. L.M.

  • L'Éducation sentimentale


    Autre extrait du fameux chapitre VI de la IIIème partie
    (Frédéric s'adresse à Mme Arnoux) :

    Mon coeur, comme de la poussière, se soulevait derrière vos pas. Vous me faisiez l'effet d'un clair de lune par une nuit d'été, quand tout est parfums, ombres douces, blancheurs, infini; et les délices de la chair et de l'âme étaient contenues pour moi dans votre nom que je me répétais, en tâchant de le baiser sur mes lèvres. Je n'imaginais rien au delà.