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La leçon de bonheur de Joël Dupuch

images.jpegOubliez un instant Jean-Louis-le-gars-des-huîtres-des-Petits-Mouchoirs, la marionnette un brin moralisatrice des Guignols, et penchez vous sur la belle leçon de vie, de courage, de bonheur, que donne cet homme, Joël Dupuch, ostréiculteur archi passionné par son métier et par le Bassin d’Arcachon –son jardin, et en particulier par sa cabane qui ouvre sur le Paradis selon lui-, en lisant, ou plutôt en avalant comme je viens de le faire cul-sec, son livre intitulé Sur la vague du bonheur (Michel Lafon). Je ne tairai pas (ce serait mentir et je sais pas faire), que Joël est un ami depuis plus de vingt-cinq ans, que j’habitais (dans les années 87-92) à deux pas de son bistrot de l’huître, Joël D., qui trônait rue des Piliers-de-Tutelle dans le Vieux Bordeaux tandis que je créchais rue des Faussets, que ses Quiberon n°3 sont depuis lors et pour toujours mes huîtres préférées (il me faudra goûter un jour ses Perles), qu’il a eu l’extrême gentillesse de me donner la parole à la page 45 de son livre, en reproduisant ce que j’ai écrit sur le mot Gascon dans mon bouquin Le Sud-Ouest vu par Léon Mazzella (Hugo & Cie) ; et que voilà.

Une belle personne

Joël, que le succès du cinéma (c’est vrai qu’il joue bien, le bougre ! Et je l’ai déjà écrit ici même à la sortie du film -note du 21.10.10) ne saurait entamer d’un millimètre, est ce qu’il est convenu d’appeler « une belle personne ». Et je pèse ces trois mots en les écrivant. Humainement, c’est un champion. Sa droiture, sa fidélité, son bon sens de rugbyman amateur invétéré de vérité, habité par la simplicité et la franchise intérieure, en bref sa morale, devraient servir d’enseignement à chacun, surtout aux  pisse-vinaigre qui se réjouissent du malheur des autres et qui ne consentent à partager que leur morgue. En plus, il écrit bien, le gonze ! Il rédige direct, comme Cyrano ou Brassens balançaient des règles de savoir-vivre simples que l’on a tendance à oublier, dans ce monde peuplé de dupes occupés à s’enrichir matériellement au lieu de passer du temps, comme Joël sait le faire, à aimer, partager, vivre le bonheur lorsqu’il se présente, contempler la mer, sa fille, sa femme, ses amis, ses fils, ses parcs à huîtres, le temps qu’il fait et le vol d’un cygne qui lui rase la tête à l’heure où le jour décline et qu’il rentre sur son bateau, baigné par des teintes déchirantes de beauté. L’homme du Bassin qui est tombé par hasard dans le cinéma gardera toujours « les pieds sur terre et la tête dans les étoiles ». Ce mauvais coup-là –celui dit du « melon » (la grosse tête), on ne le lui fera pas.

Une bonne vista

Pas davantage que d’autres. Joël a une bonne vista. Sûre elle est, oui ! C’est celle qui sait lire l’océan et le ciel, l'exactitude des marées et la sincérité du regard. Celle qui sait distinguer l’homme de cœur de l’emmerdeur ; l’essentiel du futile. Son bouquin est bourré d’autant de bonnes formules qu’il est lui-même plein de bonnes ondes et de don de lui-même. Homme d’ouverture aux autres, il sait que « le prix du bonheur a flambé » et qu’il s’agit de savoir où il réside vraiment. Sa philosophie est simple : il est nature. Brut de décoff’. Soit lui-même, point barre. Sauf que c’est pas n’importe qui, cet homme qui compte parmi les rencontres d’une vie (et qu'une vie est faite de belles rencontres). Avec lui, ça passe ou ça casse. Les pages qu’il consacre à sa « Presqu’île du bonheur, une appellation d’origine méritée », à la mer son amante, à deux juments pottoks, ses premières amoureuses, à ses copains d’enfance devenus des amis, à ses enfants, à ses huîtres, à ses parents, sont parfois bouleversantes de justesse et de beauté dans l’hommage et le respect. Il sait décrire avec beaucoup de poésie son quotidien solaire et parfois bousculé par les aléas du métier, les caprices atmosphériques et la connerie humaine aussi. Et il a une sacrée dose d’humour, également, si bien que je l’entendais raconter ses histoires et émailler des blagues et des souvenirs cocasses en le lisant –tout en me marrant à haute voix, au bistro d’en bas où je viens donc de dévorer ce précieux bouquin (reçu ce matin et hop! le voilà là). C’est le livre de sa vie qu’il nous offre. Son auteur n’a que cinquante-sept ans, mais il en parle, ici ou là, comme si elle était déjà faite –et c’est le seul bémol que j’ai trouvé à cette vague de bonheur qui emporte le lecteur. Oh, Joël, c’est toujours devant que ça se passe !

Douché-touché

On sort douché et touché de cette lecture, et donc vivifié, comme lorsqu’on se fait copieusement rouler par le shore-break, à marée presque haute, à la plage de la Chambre d’Amour (Anglet). On en sort grandi aussi, un peu comme lorsqu’on relit des textes emblématiques, qu’il cite d’ailleurs (Tu seras un homme mon fils, de Kipling, la tirade du Panache de Rostand, plus quelques citations bien choisies et empruntées autant à Spinoza, Mauriac, Voltaire ou au dalaï lama, qu’à Brassens, à Philippe Lavil, ou bien à son ami Jean-Louis Aubert). Certains passages m’ont parlé davantage que d’autres. J’ai eu, par exemple, les mêmes nœuds aux tripes lorsque j’ai du m’arracher de Bayonne –comme lui du Ferret, pour aller étudier à Talence –ainsi qu’il dût le faire aussi dans cette ville proche de Bordeaux, la mort dans l’âme. Nous avons vécu des émotions fondatrices comparables à la chasse. Surtout, je partage à 200% son souci du partage et son incapacité « à prendre le moindre plaisir s’il n’est qu’égoïste ». Fondamental ! Et cela me rend mon ami encore plus proche, même si nous ne nous voyons pas assez. Car une vie est aussi faite de cela, du beau souci de faire passer. « Ai-je assez transmis, ai-je donné assez d’amour ? », se demande-t-il. En aurons-nous suffisamment donné au soir de notre vie ? Aurons-nous eu le temps nécessaire à la transmission des valeurs essentielles qui font un homme, une existence…

Accent grave

Sur la vague du bonheur a parfois des accents graves, lesquels sillonnent avec alegria un parcours fondé sur : 1- le précepte maternel selon lequel, tant qu’on a deux jambes et deux bras, on peut se relever et continuer d’avancer (en gros). Et, 2- son truc perso qui consiste à faire chaque fois que nécessaire trois pas en arrière et appuyer sur pause afin de mieux apprécier les choses en face. De sages principes. Certes, l’aventure des Petits Mouchoirs et le succès incontrôlable qui s’ensuivit ont quelque peu bouleversé sa vie, mais dans le bon sens. « Jean-Louis s’est retiré après quelques marées » et il est redevenu Joël. Pour le bonheur de sa tribu. C’est comme çà : Joël Dupuch continuera de tremper sa chocolatine dans son double café matinal pris au bistro de presque chaque jour en lisant Sud-Ouest, édition Arcachon. Même si sa vareuse délavée est devenue aussi célèbre que la pipe de Tati, ou peu s’en faut. Le gaillard sait que « pour briser la glace, dans toute relation, il faut d’abord briser la glace du miroir qui nous renvoie notre image en référence ». Et que « les choses sont faites pour appartenir à ceux qui les font vivre ». Dont acte, amigo.

Commentaires

  • Merci pour cet article sur le bonheur et sur le livre que je lirai sans aucun doute.

  • Claire, lire le livre de Joël (vous) est obligatoire. Point.

  • La leçon de bonheur de Joël Dupuch : très convaincante présentation.
    Il me faut absolument aller plus loin dans cette leçon.
    Nous en avons besoin.
    Merci.
    DS

  • C'est la leçon essentielle. Celle de la franchise intérieure et du regard droit. Elle est vitale.

  • je remercie ma nuit blanche qui m'a permis de combler le silence par la lecture d'une traite de cette leçon de vie ... je vais avoir la chance de la proposer à mes clients amis. Non, pas la proposer, l'imposer d'office !!
    Ce livre est une prescription, il fait un bien fou ...
    Je vais pouvoir dire à Joel tout le bien que je pense de lui puisque nous le recevrons en signature, au cours des fêtes de la Madeleine, à Mont de Marsan.
    Rien que du bonheur !
    Avec le meilleur souvenir ...de la maison Lacoste.

  • => Véronique : Vous passerez un grrrand moment avec l'ami Joël -que vous embrasserez de ma part. Je suis heureux que votre belle librairie (où je reviendrai à la première occasion) se convertisse en pharmacie littéraire, avec prescriptions de lectures ciblées...

  • ordonnance n. 2 : Prévoir une fin d'après midi d'automne pour accompagner la réédition de " chasses furtives " (Passiflore).
    Ce serait à la librairie Lacoste,à Mont de Marsan, si vous voulez bien. L'ami Joel il ferait tout pour être à vos côtés...
    A bientôt, j'espère !
    ( rentrée littéraire :ne passez pas à côté de Jean Michel Guenassia et Mathias Enard )

  • Avec grand plaisir! Bises depuis Procida

  • "Je manque de temps pour m'occuper des personnes que j'aime, alors je ne vais pas en perdre avec celles qui ne m'intéressent pas. Je préfère m'employer à découvrir le monde et les êtres que de faire du prosélytisme auprès de gens aux idées préconçues. Aucune rencontre n'est mineure, chacune est une destination, parfois pour un simple arrêt, parfois pour un voyage inoubliable. »

    Avec ce genre prose, de pensée, nul doute que l'homme mérite la plus grande attention. Merci pour la piste.

  • C'est une belle personne, un homme profond, brut de brut, franc, droit, direct, sans aucun artifice jamais, nature à mort, gourmand, amant fou de la vida et je suis fier d'être son ami.

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