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Jacques Durruty

384a4f4e71_2.jpgIl n'était pas connu hors de ses frontières parce que celles-ci n'existaient pas. Mais à Bayonne tout le monde le connaissait. Jacques Durruty  vient de se barrer. Il a fini par capituler face à un crabe qui avait  établi ses quartiers dans son cerveau. Une saloperie déjà connue de nos services, puisqu'un semblable crustacé emportât mon père il y a trois ans, à quatre jours près. Jacques avait le regard droit comme une ligne de chemin de fer en perspective cavalière dans la forêt landaise, lorsque celle-ci ouvre le temps et creuse l’espace. Sauf que Jacques ne divisait rien et unissait tout ce qui lui semblait agréable et agrégable : les gens, les genres,  les émotions, les vins avec les plats, les mots avec les sentiments, l'entre-temps avec la fumée d'un havane. Jacques le généreux, dont le bouc mousquetaire était constamment prolongé d’un corpulent puro, n'aimât jamais du bout des lèvres. Il a aimé  d'une passion calme, d'une sincérité profonde et d'une conviction aguerrie, sa femme Sissi, l’Amitié, Bayonne, le rugby, Séville, les toros de verdad, le piment de la vie. Il détestait les tristes au sens large, les francs comme des ânes qui reculent, la pluie, les arènes vides et les civettes fermées. Jacques avait le verbe rare, car il observait comme un paysan. Il aimait soupeser et ne se hâtait jamais de conclure. Quand quelque chose le faisait chier, il disait ça me fait chier. Non, mais -réfléchissez un instant-, cela devient rare. Et lorsqu'il appréciait un truc, il le faisait vraiment savoir. J’ai toujours vu les rides de ses yeux exprimer un sourire dispersé en pattes d'oie, qui ne disait jamais je me force. Ces lignes éclairaient son visage d’un halo de bonté, mais pas à la manière de Robert de Niro dans un rôle de composition. Jacques ne jouait pas, il aimait. Nous avions confiance. Ce soir, je fume un  Gigante, le double corona de Ramon Allones. Pour lui.

 

Commentaires

  • hier une minute d'applaudissements au SDF en son honneur...bien mérité.

  • Oui Benoît. J'étais au Stade, hier, avec ma fille, pour soutenir les ciel&blanc, tu penses bien!.. Cette minute-là était dans tous les esprits, depuis que Jacques est sorti du terrain, dimanche soir.

  • Et les bayonnais en portaient le deuil...
    Comme l'impression qu'ils ont perdu leur ciel dans la nuit de ce paletot...

  • C'est un peu vrai, Pierrot. Je ne dirai pas qu'ils n'avaient pas le coeur à jouer, ce serait cadeau, mais bon, il y avait un peu de cela. (Sinon, jouer dans un stade si rose, moi, ça m'a fait un choc. Même la voix du commentateur était rose appuyée).

  • Cet hommage à Jacques, mon frère, est tellement vrai ; il est parti, la blessure est immense, je pense uniquement qu'il aura vécu pleinement, en aimant la vie son métier, les siens et ses vrais amis ... qui le lui rendent bien.

  • Wow, j'apprécie votre site, grand merci à vous pour votre aide, et notez en 1er lieu que je partage votre positon ! J'insiste, oui votre blog est sincèrement excellent, énormément d'infos intéressantes. PS : Ce blog me donne envie d'en publier un également... j'espère que j'y parviendrai !

  • Merci de ce chaleureux message! Et bonne lecture des archives de KallyVasco.

  • Merci. Jacques mérite toute notre affection, au-delà...

  • Permettez-moi d'insister, votre article est réellement bien bon.En lisant votre article, mes pensées vont à Jacques Durruty.

  • Merci. Je suis touché que ce papier, ce cri plutôt, écrit à chaud parce que c'est comme ça que les émotions sortent, fasse encore quelque chose... Du coup je le revois, Jacques, dans le callejon à Bayonne, chez lui à table devant la petite piscine, dans la rue cigare en main...

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