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Eloge de la bourlingue engendrée par l'amour

Ce poème de Cendrars m'habite depuis plusieurs jours.

Il a surgi dans ma nuit comme un phare en pleine mer.

Alors "je prends mon bain et je regarde"...

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TU ES PLUS BELLE QUE LE CIEL ET LA MER
Quand tu aimes il faut partir
Quitte ta femme quitte ton enfant
Quitte ton ami quitte ton amie
Quitte ton amante quitte ton amant
Quand tu aimes il faut partir

Le monde est plein de nègres et de négresses
Des femmes des hommes des hommes des femmes
Regarde les beaux magasins
Ce fiacre cet homme cette femme ce fiacre
Et toutes les belles marchandises

Il y a l’air il y a le vent
Les montagnes l’eau le ciel la terre
Les enfants les animaux
Les plantes et le charbon de terre

Apprends à vendre à acheter à revendre
Donne prends donne prends
Quand tu aimes il faut savoir
Chanter courir manger boire
Siffler
Et apprendre à travailler

Quand tu aimes il faut partir
Ne larmoie pas en souriant
Ne te niche pas entre deux seins
Respire marche pars va-t’en

Je prends mon bain et je regarde
Je vois la bouche que je connais
La main la jambe Le l’œil
Je prends mon bain et je regarde

Le monde entier est toujours là
La vie pleine de choses surprenantes
Je sors de la pharmacie
Je descends juste de la balance
Je pèse mes 80 kilos
Je t’aime.

Blaise Cendrars


Extrait de "Feuilles de route", in « Du monde entier au coeur du monde », Poésies complètes, Poésie/Gallimard © Gallimard Mars 2006.
Merci à Frédérique Romain de continuer de m’adresser de si précieux ouvrages. Et coup de chapeau, au passage, à la collection Poésie qui fête ses 40 ans !

Rappel : pas de saison pour la poésie. Le printemps des poètes, c'est quatre saisons par an. Peut-être cinq, d'ailleurs...

Commentaires

  • Ce poèmes était dans un de mes spectacles.
    Je te renvoie alors à Peter Handke dans "Par les villages".
    Et toi, où pars-tu écrire ton prochain livre ?

  • merci de ta réaction! je note pour handke (que je n'aime guère lire cependant, depuis "la femme gauchère", soit depuis 1978! il m'ennuie, mais j'irai voir ça). Où? A l'intérieur de moi, d'abord, car c'est un pays encore à défricher, et où la main de l'homme n'a pas encore mis le pied... Sinon, sans blagblog, peut-être sur mon île chérie : Procida. Au large de Naples, donc... Je pars aussi en reportage en Inde dans quelques jours. J'y puiserai à coup sûr de l'eau à livre.

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