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Portraits pour traits

C'est ce que l'on appelle de la bonne came. Celle que je conseille aux journalistes en herbe que sont mes étudiants en

téléchargement (1).jpeg
images.jpegpresse écrite, cette matière en passe d'appartenir à l'archéologie du savoir. Cent portraits parmi les meilleurs parus dans Le Monde sur sept décennies (Pocket, 1000 pages!) - parce qu'il n'y a pas que ceux (excellents, souvent) de la dernière page de Libé. Le portrait, genre très prisé, fut "importé" (des USA vers la France) par Françoise Giroud. D'ailleurs, un prix à son nom récompense le meilleur portrait paru dans la presse écrite, et le millésime 2014, avec dix portraits cousus main, paraît (à La petite vermillon), et c'est encore de la bonne came, pour tous ceux qui aiment ce genre journalistique infiniment littéraire, qui produit de l'histoire à la dimension de l'individu, selon l'expression de Fernand Braudel. Il y a les stars, les inconnus célèbres, les parfaits inconnus qui possèdent de la matière, du jus, un destin brisé ou un quart d'heure de célébrité, de quoi alimenter la narration d'un papier. Il y a des écrivains, des héros, des sportifs de haut niveau, des hommes et des femmes d'Etat, des rock stars, des acteurs, des actrices, des patrons et des paysans, des SDF et des géants de l'immobilier ou de l'architecture. Tous sont matière à aiguiser les sens, à affûter les stylos, à éveiller les dessous de l'être, la face cachée, la part intime, la faille, ce fameux regard fragile, cette moue qui en dit long en observant un silence captivant, que le journaliste guette, provoque, accouche. Tous les portraits que nous pouvons lire dans ces deux ouvrages ont alimenté l'histoire immédiate et ont permis, permettent de mieux lire, de mieux comprendre le cours de la grande histoire. Et puis il y a des signatures : les auteurs de ces portraits retenus ici, et là, sont des plumes, comme on dit dans le jargon. Des encartés de respect. Des femmes et des hommes professionnels qui savent traduire une rencontre, car un bon portrait dans le journal est le condensé d'une rencontre, avec tout le poids qu'il faut donner à ce mot, par trop galvaudé. Une rencontre, oui, mais toujours avec ce qu'il faut d'indispensable distance par rapport au sujet, condition sine qua non afin de faire du journalisme vrai, sans empathie excessive, avec la compréhension idoine, la sensibilité non feinte mais retenue, la traduction précise, au plus près, de la vérité de l'autre, au service duquel nous restons - en presse écrite... Les portraits que nous lisons dans ces deux ouvrages sont comme autant de mini nouvelles, des shorts comme on dit outre-Manche, des condensés d'existence, des morceaux d'anthologie, comme on le dit de celui du boucher. De la bonne came, je vous dis.

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