Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Oran A/R

téléchargement.jpegUne main amie, qui sait, m'avait adressé ce livre. Trois jours à Oran, d'Anne Plantagenet (Stock), trouble ceux qui, comme moi, avaient projeté de retourner à Oran avec leur père : c'est la trame du roman, sauf qu'il s'agit d'un vrai voyage, réalisé en 2005, du père (né là-bas) avec sa fille sur la terre des origines. La fille (l'auteur) a toujours entretenu des relations ambiguës avec l'idée de l'Algérie, son appartenance pied-noir, le désir de connaître Oran et plus précisément Misserghin (il se trouve que ma propre famille possédait aussi une propriété au village de Misserghin, sur les hauteurs d'Oran. Misserghin et sa Vierge, ses orangers, ses clémentiniers surtout... Et que le roman d'Anne Plantagenet me fut par conséquent infiniment troublant, confondant même, au fil des pages). Le talent de ce livre est d'être dénué de pathos et de décrire un homme (qui est le contraire du pied-noir caricaturé à l'envi par une filmographie, des chansonniers, une forme de racisme mou, larvaire, qui eut cours...), un homme d'abord sceptique, puis heureux d'accomplir cet acte fort. Et d'une fille en observation, en voyage de reconnaissance des noms de lieux (La Sénia, la Place d'Armes, Aïn Témouchent, la rue d'Arzew, la plage des Andalouses, la rue du Général-Leclerc, le boulevard Front-d'mer, les arènes d'Eckmühl...), en vérification sensible, sensuelle, des faits : les lentilles (du premier janvier), la mouna de Pâques à Santa-Cruz, les migas... Des odeurs aussi, et des sons, des impressions tant de fois imaginées à travers les récits de sa grand-mère. Cela rend touchant ce bref roman à l'écriture simple et comme mise à distance sans être froide pour autant. Le fameux mot de René Char, La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil, trouve ici tout son sens. (Moi aussi, j'irai passer trois jours à Oran avec ma fille).

 

Commentaires

  • On y retrouve aussi les clichés habituels, hostiles aux pieds-noirs. Depuis les parents de l'auteure " qui furent pendant trois générations du côté des tyrans, et n'eurent pas la clairvoyance de s'en rendre compte, ou la franchise de l'admettre ". Jusqu'au mépris de ces p.n. qui veulent témoigner et " ânonnent les mêmes discours plaintifs(...)ils ont toujours l'air de vieux cons la larme à l'oeil, la rancoeur à la bouche, de ceux qu'on repère dans les meetings du Front National." Contre vérité aussi quand elle écrit " que la violence de la guerre d'Algérie aurait poussé les habitants d'Oran a quitter le pays dès 1954 (!)."
    Quand on sait que ce fût longtemps la ville la moins touchée par le terrorisme...

  • Ces clichés sont désormais indélébiles, cher Camille-Jean Para. Ils ont la couenne dure du rhino féroce, car ils se sont endurcis à la faveur d'une relecture hâtive, commode, simplificatrice de l'histoire. Force est de reconnaître que le pied-noir a toujours été politiquement incorrect, ce qui renforce sa singularité -et sa mélancolie.

Les commentaires sont fermés.