Maman
Maman chérie. C'est le titre d'un élégant folio sous emboîtage de velours rose (9,90€) qui célèbre toutes les mères. L'anthologie littéraire est composée d'extraits de textes célèbres tous parus chez Gallimard, et qui vont bien au-delà du célébrissime Livre de ma mère d'Albert Cohen (dont trois pages ouvrent néanmoins le volume) et de La Promesse de l'aube de Romain Gary. On y lit ou relit avec un immense plaisir des pages de Camus (Le premier homme), Sartre (Les mots), Duras (Un barrage contre le Pacifique), Modiano (Un pedigree), mais également du Bobin (La part manquante), du Ben Jelloun (Sur ma mère), du Perec (W ou le souvenir d'enfance), et des choses éparses parfois splendides, souvent touchantes : Annie Ernaux, Jules Renard, Jules Vallès, Sempé/Goscinny, Steinbeck, Céline, Erri De Luca, Charles Juliet -les extraits de ces deux derniers sont à encadrer, Musset, Proust (le célèbre passage de Du Côté de chez Swann ou le petit Marcel évoque "la puberté du chagrin et l'émancipation des larmes" et même du Jean-Louis Ezine. Gary est émouvant lorsqu'il déclare que, "avec l'amour maternel, la vie nous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient jamais". Son fils Alexandre Diego Gary (dans S. ou l'espérance de vie) est bouleversant lorsqu'il avoue avoir été tenté de tuer l'entourage de sa mère, "tant j'avais besoin qu'elle me porte son attention, à moi et à personne d'autre". Car le livre, divisé en plusieurs parties, classe les textes en fonction de la douceur d'une mère (les souvenirs d'enfance), de l'ingtratitude inattendue : "ma mère, c'est la cinquantaine épanouie dans l'égoïsme" (Morand), et enfin des mères disparues. Car la perte de la mère engendre des romans depuis l'aube de l'humanité. Ce travail de deuil par l'écriture est devenu un genre littéraire, pourrait-on dire. Inutile de préciser que c'est un petit cadeau à glisser dans la poche d'un môme qui ne saura pas quoi offir à sa mère, le dimanche 29...