La bande à Ritchie et la faute à Voltaire
Richard Escot, qui dirige le rugby à L'Equipe, oui môssieur! a piloté un diable de bouquin magnifique (les photos ont vraiment le sentido) où les textes de l'ami Benoît Jeantet, d'Escot lui-même et aussi de Catherine Kintzler -philosophe de l'ovale, ou encore de Jacques Rivière, parmi d'autres, sont autant de bijoux taillés par des plumes qui connaissent le sujet de l'intérieur de l'intérieur. Et c'est ce qui singularise Rugby, une passion (La Martinière) de tant d'ouvrages sur le motif. L'esprit rugby est là. Et nulle part ailleurs. Solidarité, humilité, amitié, franchise intérieure, richesse des profondeurs, silences hurleurs et regards qui te toisent, tout est là. Avec style, talent, brio, claquant et classe. Tout simplement.
Dans un tout autre genre, la correspondance choisie (78 lettres sur 2700 connues) de J.J.Rousseau, nous offre un parcours intellectuel et humain, concocté par un hyper-spécialiste, Raymond Trousson. J'y ai particulièrement aimé les lettres d'amour adressées à Mme de Warens, bien sûr, ainsi que les échanges à bazookas mouchetés avec Voltaire... Le plus surprenant est d'y sentir un Rousseau pataud, voire malhabile avec la correspondance, tandis qu'il est, dans le même temps, un écrivain au style magnifique. Inhibition? Paresse? Négligence? J'accuse Rousseau de mépriser parfois son correspondant. Son attitude est volontiers hautaine, et cela nous fait réviser notre jugement sur l'humaniste plébiscité, sur l'apôtre de la Nature et des rêveries d'un promeneur -forcément solitaire... Néanmoins, cette sélection est un pur jus, un concentré de plusieurs épais volumes, et le choix établi nous apparaît -mais comment savoir?- judicieux (éd. Sulliver).
Commentaires
Oh Merci Léon...Venant de ta part, touché...extrêmement.
Pas de quoi Benoît. J'ai sincèrement adoré ton texte. Du grand rugbymane... Et d'ailleurs, té! On est dimanche... (mais Bayonne s'est ramassé d'un point contre Perpignan et Biarritz s'en est mangé 5 contre le Racing, alors...).
Merci encore...Bayonne, ça s'est joué à quelques centimètres, zut, et voilà une équipe qui me plait ( à Toulouse d'ailleurs, ils nous ont plus que bougé)...Bon Dimanche à toi.
Merci Léon pour ce mot tranchant, prise de balle à hauteur, foulée nerveuse, buste haut. Tout toi. Effectivement, Benoit et Catherine, belle paire au centre. D'interet. Heureux que tu apprécies... A bientôt sans aucune doute.
Merci à toi surtout, Ritchie de la comme fou, de m'avoir envoyé le bouquin! Et pardon pour le retard, mais je serai resté à peine 3-4 jours chez moi en septembre, alors j'avais pas mal de choses à retirer à la Poste. J'espère que le bouquin "marche".
Oh, que le bouquin marche ou pas, finalement, qu'importe. L'histoire à vivre était belle, riche, pleine, multiple. Tu sais, si ça devait marcher, ce genre de livre, ça se saurait... Ca peut toucher des gens, certes, quelques milliers, disons. Le marché de l'ovale est assez étroit en ce moment. Comme cadeau de Noel, disons alors... En tout cas, content que le plaisir soit partagé...
J'ai cherché http://www.philomag.com/article,dialogue,christophe-dominici-et-catherine-kintzler-le-rugby-est-une-philosophie-du-contact,451.phpé
[pour celle(s) qui le lira(ont)]
C'est effectivement ce texte du blog qui m'a donné envie d'écrire avec elle, en tout cas de lui demander d'ouvrir l'ouvrage. Une philosophe en position d'ouvreur, quel beau petit symbole, non ?
Bonjour,
L’intérêt que vous portez à Voltaire m’incite à vous indiquer ceci :
Il y a deux ans une lecture attentive de sa Correspondance (treize volumes à la Pléiade) m’a conduit à publier un livre dont le contenu ne cesse de me surprendre, dans la mesure où la mise en relation de 1500 extraits environ de cette même Correspondance et des événements historiques sous-jacents ne paraît pas pouvoir laisser place au moindre doute sur le caractère délibérément faussé de l’image qui nous a été donnée de ce personnage.
Je souhaiterais vivement que vous puissiez partager mon extrême surprise en consultant, si vous le voulez bien, la rubrique "livres" du site :
www.cunypetitdemange.sitew.com
Tout à la fin de cette rubrique, là où apparaît une reproduction de la couverture de "Voltaire – L’or au prix du sang", un clic sur le mot "Voltaire" (à gauche, en bleu) vous permet d’accéder aux quarante premières pages du livre lui-même.
Cette façon quelque peu abrupte de venir vers vous ne fait sans doute que rendre compte de mon propre désarroi, car, si je ne me trompe pas, un énorme travail de réinterprétation reste à faire, et non sans conséquences diverses…
Très cordialement à vous,
Michel J. Cuny
Cher Monsieur, Merci de votre commentaire et de vos indications de lecture, que je ne manquerai pas de suivre. Il n'y a pas de hasard : je suis en train de lire (de me délecter, plutôt) le "DIctionnaire philosophique" de Voltaire, une somme précieuse qui paraît chez Actes Sud (coll° Thesaurus) tout en reprenant (en flânant, plutôt) le "Candide" que folio publie pour se 40 ans en éd. limitée et illustrée. Et puis je relisais hier la "Lettre à Dieu" -un monument, et "Le Mondain", par ricochet. C'est dire si Voltaire est d'actualité brûlante, et sur ma table et dans l'air. Il semble vous occuper bien davantage. Aussi, reviendrai-je vers vous après avoir lu ce que vous me suggérez de lire. Bien à vous.