Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • A la santé d'Espagnet!

    festival espagnet leg.jpgEt voilà, et c'est merveilleux : l'ami Patrick Espagnet (1950-2004), qui fut un très brillant journaliste (sportif) à Sud-Ouest et un trop bref écrivain (La Gueuze, Les Noirs, XV histoires de rugby), a son Festival! A Grignols (Gironde) où il naquit. Cela se passe à la fin du mois. Demandez le programme : http://arpel.aquitaine.fr/spip.php?article100002304

    Merci à Christophe Dabitch, organisateur de ce festival, pour l'envoi de l'affiche, mi Far-West, mi Cartel (de luces y de lujo) ci-jointe.

  • British Bordeaux

    Papier d'ambiance. Hier, samedi 23 mai, dans l’après-midi, au hasard des places et des rues piétonnes de Bordeaux…
    (VSD m’avait envoyé spécialement couvrir le match des Girondins, car ils risquaient d’être sacrés champions de France à l’issue du match. Ils l’ont gagné mais dans le même temps, Marseille a gagné aussi, comme chacun sait : rendez-vous est par conséquent pris samedi prochain à Caen, pour Bordeaux).
    C’était l’été. Comme à Paris aujourd’hui. Les terrasses, pourtant nombreuses et longues comme la marée basse à Arès, au fond du Bassin, étaient bondées comme une plage au mois d’août. Mais rien, nulle part, à l’exception de rares maillots du club marine et blanc, chiffrés Kia, portés par des supporters calmes (sauf aux abords du stade, dès 18h), ne laissait deviner l’enjeu national qui s’ourdissait dans tous les esprits comme un complot.
    Prêter l’oreille nous convainquit que la fameuse retenue bordelaise et son british touch opéraient avec discrétion : on ne parlait que de ça, ici et là. Et si la plupart des conversations affectaient un tact local sur le mode rien n’est joué, une liesse communicative donnait à penser que le mot stress serait l’apanage du Rocher (Bordeaux affrontait Monaco). Et celui de confiance, le carburant girondin. Cette circonspection trahissait à peine un enthousiasme anticipé, dans l’évocation de cette nuit de mai 1999 qui vit s’embraser Lescure (le stade ne s’appelait pas encore Chaban-Delmas) et toute la ville, par contagion. Dix ans déjà…
    Vendredi, le président des Girondins, Jean-Louis Triaud, que je devais interviewer une heure avant le match, lâchait un « cool » pour résumer la situation. British jusque dans le refroidissement des esprits d’une équipe prête à en découdre, assise sur trois coussins –ses points d’avance sur Marseille (74 contre 71). La tension, légitime, fut trahie par les propos fugaces et un brin inconsistants de l’entraineur Laurent Blanc, qui avait choisi le mode dénégation, pour tiédir l’atmosphère du point presse : « les joueurs n’y pensent pas ». Tu parles, coach !
    A la veille d’une victoire qui aurait pu achever une saison splendide (10 victoires consécutives en championnat, des Girondins invaincus chez eux depuis le 7 octobre 2007, un troisième ticket en Ligue des champions : un millésime de garde), on évoquait, aux terrasses des bistros, les départs annoncés des stars : surtout ceux de Gourcuff et de Chamakh. Triaud me confia qu’il ferait tout pour garder une équipe cohérente, qui gagne et qui est dotée d’un esprit de groupe rare –comme on en rencontre au rugby…
    A observer tant d’effervescence contenue, nous en étions à nous demander si Bordeaux n’était pas en train de vinifier, à l’ombre fraîche et salutaire de ses chais, un champagne maison qui aurait explosé dans le ventre du stade à l’issue du match. La fête ne fut pas au rendez-vous, malgré le but de la tête de Chamakh. Les Girondins peuvent cependant être champions samedi prochain pour la sixième fois.

    La ville était donc tout foot, sans fanfaronner (bien lui en prit), comme Toulouse sait être tout rugby, version baroque.
    N’était la coiffure à la Chamakh : crête de coq et côtés ras, arborée par de jeunes fans, il n’y avait aucun débordement dans les rues de la ville, dont la rumeur mezza voce allait sereinement à la rencontre d’un compte à rebours. Sans fièvre. A l’image de cette 37ème journée de la Ligue 1. C'est tout Bordeaux, ça.

    -----

    Lectures TGV. Les Onze, de Michon, sont décevants. Limite chiants. En revanche, Un an, d'Echenoz, c'est la littérature à l'état pur. Un grand bonheur de lecture, tandis que des paysages archi connus défilaient...

  • Rapprochements

    Un homme sans femme, c’est un pistolet sans chien : c’est la femme qui fait partir l’homme. Ferdinand Buisson, cité par Julien Gracq dans Lettrines (José Corti).

    À rapprocher de la fin du poème La femme intérieure, de Georges Henein, dans La force de saluer (La Différence) :

    friable
    comme une poignée de mains
    entre deux êtres sans avenir

    dure
    comme le commencement du monde

    visage secret
    visible une fois par vie
    en appuyant sur la gachette


    Lu un petit bijou, L’occupation des sols, de Jean Echenoz (Minuit), ou la force du sentiment par petites touches qui ne donnent pas l’air d’y toucher. Mais qui bouleversent.


    A rapprocher de Ce que c’est que l’amour, extraits des Microfictions de Régis Jauffret (folio) : de l’acide cru sur la vie de couple, ses sournoiseries perverses; le monde du sentiment amoureux comme il se délite. Décapant. À côté de cette prose coupante, l’humour noir, c'est de l’eau de Cologne.

    À rapprocher de cette phrase de Flaubert, dans Madame Bovary : Il ne distinguait pas (…) la dissemblance des sentiments sous la parité des expressions. Et cinquante pages plus loin : D’ailleurs, la parole est un laminoir qui allonge toujours les sentiments.

    Ci-dessous, la tombe de Roland Barthes à Urt (64), sans rapprochement.

    DSCF6222.JPG

  • Syrah

    Voici le début d'une chronique vins, anglée cépages, que j'assure désormais dans M, le mensuel du journal Le Monde. Elle est parue hier à Paris et parâit aujourd'hui en province. Lire aussi dans ce beau 3ème numéro, les papiers consacrés à Paul Andreu, Hokkaïdo et aux façons d'écrire la peinture AVEC les peintres...

    images.jpgSYRAH : LA PUISSANCE SEREINE
    Cépage emblématique des côtes du rhône septentrionales, originaire de Perse, éclatante en Australie, la syrah est une baie rouge de caractère qui adore le soleil et les sols pauvres.

    On l’appelle aussi sereine. Parmi les nombreux synonymes de la syrah, cépage phare des côtes du rhône septentrionales, il y a aussi shiraz, son nom australien –un continent où elle prospère, car elle se rit des fortes chaleurs, fait son miel des sols pauvres, résiste bien aux maladies de la vigne et sait vivre seule, à 100% dans la bouteille, même si elle excelle en se fiancant aux cinsault, grenache et autre mourvèdre. La syrah donne les grands vins de qualité intense et noble : côte-rôtie, cornas, hermitage, saint-joseph, palette, châteauneuf-du-pape. Généreuse et pas narcissique, la syrah est le cépage améliorateur par excellence. Elle servait jadis, les années pluvieuses, à relever les grands bordeaux en mal d’architecture et de profondeur. On appelait (ou chuchotait) cela « hermitager », en référence à l’appellation reine des côtes du rhône septentrionales, qui engendre les meilleures syrah du monde. Il n’est qu’à goûter un Gambert de Loche 2005 en sélection parcellaire, de la formidable Cave de Tain l’Hermitage, dans la Drome, laquelle produit aussi un cornas de haute volée : Arènes sauvages 2005, pour s’en convaincre. Aujourd’hui, certains hermitage et autres côtes-rôtie ne considèrent même plus les grands bordeaux comme des concurrents. Mais si ce cépage élégant, profond et puissant, à la robe grenat, pourpre et brillante, au nez de fruits noirs frais, d’épices douces, aux notes animales, de réglisse, de sous-bois, de tabac blond et de truffe, à la bouche dense, boisée, grillée, voire torréfiée, si ce cépage à la langueur savoureuse et pourvu d’une belle longueur fait corps avec la région du Rhône, il provient néanmoins du Moyen-Orient. D’où son nom, qui évoque la ville persane de Chiraz (Iran). Du pays d’Omar Khayyam, auteur sensuel des fameux « Ruba ‘iyat », le cépage a pris les bateaux phocéens, débarqua à Marseille et se plut immédiatement alentour. Les amphores grecques de Tain-l’Hermitage appuient ce qui n’est plus une hypothèse, même si Probus, empereur romain, l’aurait lui aussi rapporté d’Egypte, via Syracuse (sans jeu de mots), pour la donner aux Gaulois, avec le droit de cultiver la vigne en général... ©LM (la suite en kiosque!)

  • basquonneries

    DSCF6063.JPGreportage en pays basque intérieur.

    tout un programme, l'intérieur...

    surtout celui de ce pays.

    la tripe du sujet, zugarramurdi, urdax, derrière la rhune, en deçà de sare, de l'arraya (quel beau gâteau basque tu fais là, sébastien fagoaga!), de lastiry, du fantôme de popaul dutournier, de l'écho des pelotes contre le fronton, au-delà de l'arza mendi, d'iparla et même des vautours fauves qui planent en silence au-dessus des artisans de l'ardi gasna, et qui savent ce que nous, humains, ne saurons jamais.

    DSCF6072.JPGles oiseaux savent

    et planent

    en silence.

    somptueux dîners chez cédric béchade (l'auberge basque, à saint-pée : chambres sereines), claude calvet (ostapé à bidarray : nuit rare, petit-déjeuner de soleil), pintxos de fou au fuego negro à san seba, la gamba de goiz argi (à inscrire d'urgence au patximoine de l'humanitad de l'unescoloco), tapas classicas à la cepa et alentour, déjeuner DSCF6114.JPGgrrrand chez arrambide à saint-jean-pied-de-port (comme d'hab'), idem à oppoca et ithurria à aïnhoa, incursion intéressante chez philippe à biarritz, au kaïku de saint-jean-de-luz aussi, et la concha la nuit, devant le brouillarta, lorsque le clapot atlantique fait la pige à la méditerranée...

    DSCF6086.JPGun tiop de sagarno (cidre basque) à ostillopitz (sare) chez jean-élie, un tross d'ardi gasna chez maïté goni à saint-martin d'arrossa,

    les collines vertes qui mamellonent mieux que des seins adorés, une chapelle planquée à flanc de crête, derrière des hêtres qui se refont la cerise, en vert, la terrasse plus paisible (sans le flot des bagnoles qui vont aux ventas peio, lapitxuri, etc, acheter des asperges et des piquillos made in china sans le savoir) au café ezkurra perpendiculairement au fronton d'ainhoa (agur Yves!..), la tombe de roland barthes, à urt, juste aller-retour pour la photo (on est pas des DSCF6095.JPGboeufs), relire toulet au bar françois, à bayonne, se perdre les yeux dans le courant de la nive, se redire que sainte-barbe, à saint-jean-de-luz (bon, d'accord, l'intérieur devient ici largement extérieur, mais on n'est pas des veaux marins non plus) possède une vue qui permet, par beau temps (le cas, dimanche dernier) de réserver une tournée de txakoli au txantxangorri, à hondarribia (fontarrabie) quasiment à la voix,

    et

    se direDSCF6145.JPG

    demain

    ici

    je serai

    sûr,

    oui...