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Grands Prix

"Les Bienveillantes" de Littell écrasent le marché de la librairie : 900 pages, 25€, un bon kilo de papier, et les concurrents râlent : le Français, lecteur, a un budget serré, et il aime de plus en plus s'attacher à un livre unique (souvenez-vous du dernier Gavalda, du Da Vinci Code, du troisième Houellebecq...), davantage, aujourd'hui, qu'à des petits livres minces comme des tranches de jambon (autre époque : celle qui fit le bonheur des Delerm, Ernaux, Echenoz, Bobin, Gailly, Bernheim, Viel...). Le minimalisme (physique, s'entend), aurait-il vécu? Contre exemple : le petit Bataille sur Bernard Grasset, encore goncourable (par quel tour de passe-passe, puisque cela ne peut intéresser que le douzième du village germanopratin?). Mais les poids moyens se vautrent (Nothomb, Angot, Poivre's brothers...). Schneider résiste grâce à l'éternel "effet Marilyn". Tout cela ressemble à de la politique, à du sport de compète, pas à de la littérature. C'est pourquoi, cet après-midi, malgré le soleil, et tout en écoutant Léonard Cohen, je relis Proust, je découvre Pamuk (bien, les Nobel! C'est du solide, Pamuk, et il a du souffle), et puis j'ai toujours à portée de main un bon vieux Platon pour ce soir (probablement Gorgias)...  Parlez-moi de course aux prix, et je pense davantage à Schumacher -moi qui déteste l'univers de la bagnole-, qu'à l'écurie Gallimard, bien placée, en pôle position, cet automne...

Conclusion : j'aime malgré tout ces potins, car ils permettent de redire ceci : le monde littéraire est, et sera toujours sujet à l'imprévisible absolu. Et cette fantaisie, ces coups du hasard, procèdent du charme de la périphérie de la Littérature. Reste le texte : peu m'importe, au fond, la vie privée si bien cachée de Gracq. L'essentiel est de le lire, et de revenir sans cesse à lui. Comme on retourne à Flaubert. Comme on rentre chez soi après une semaine d'absence. Le plaisir du texte réside entre les pages; entre les draps. Et nulle part ailleurs.  

NB : lu, hier soir, d'un trait, la "short" de Jorge Semprun, intitulée "Les Sandales" (Petit Mercure) : un bijou de clairvoyance sur la relation amoureuse clandestine. Un vrai coup de talon aiguille dans le bide des mecs. J'adore. 

Commentaires

  • je commande les sandales dereche et bonjour à bayonne , merci de l'info

  • vous n'allez pas le regretter : ça se lit en vingt minutes mais ça dure (à l'intérieur) vingt semaines, vingt mois peut-être (je vous dirai, et vous aussi), c'est incisif, décapant, subtil et d'une écriture redoutablement simple -d'où la force de ce petit texte ciselé au Laguiole électronique.

  • et bonjour à bayonne , oui! je viens d'y arriver, là, ce soir 31 octobre, tard, il y fait doux, le vent "de sut" est tombé, le ciel est étoilé
    ¡y mañana sera otro dia, no? ¡Joder!...

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