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Chez le libraire, cinq

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Chez le libraire, je suis berger. Je compte les moutons qui appartiennent à mes patrons. Je visite. Passe. Fait passer.
Et puis je m’en vais. Jamais sans avoir pris au moins une brebis ou un agneau. Question de principe. Absurde, donc. Et de respect du métier de libraire, de la chose écrite, de solidarité avec mes sœurs et frères d’armes. Je ne puis me résoudre à sortir d’une librairie sans avoir au moins acheté un poche. C’est plus fort que moi. Je me sentirais coupable, sans cela. Voleur de mots à la sauvette. J’ai prélevé des choses, pris du plaisir : cela se paye. Alors j’achète. Souvent pour offrir : je rachète. Afin de partager mes émotions textuelles, anciennes ou récentes.
Chez le libraire, je n’existe pas. Je vis. A fond. Un ami pourrait arriver et feuilleter à côté de moi, je ne le verrais pas. Mon regard, mon être, sont concentrés sur les livres. J’ai alors l’esprit en entonnoir vers eux. Je ne vois absolument rien d’autre. Un vrai photographe au moment délicat de la mise au point.
C’est parmi les livres et dans la nature, lorsque bat la migration d’octobre, que je me sens le mieux habiter cette terre. J’écris cette phrase en pensant à Albert Camus, qui a écrit que les deux seuls endroits où il se sentait réellement bien, étaient un stade de foot et les planches d’un théâtre. Deux scènes où l’existence se joue. Ma vie se situe résolument entre livres et oiseaux.
(Les femmes? -une pomme de discorde). Et la librairie, ma trousse d’urgence.

Commentaires

  • Convaincu par tout, sauf pour le stade de foot. On y joue sa vie? On y découvre la vie? C'est quand même plus évident quand on fait l'amour!

  • certes (c'est camus, l'histoire du stade) = faire l'amour est indépassable.

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