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tillinac

  • Les années Table Ronde

    Le nouveau livre de Tillinac, "Rue Corneille", évoque entre autres ses années passées à La Table Ronde, que j'ai un peu connues au tout début*, puisque Denis m'avait appelé à la rescousse dès qu'il prit la barre du bateau alors ancré rue du Bac : "En 1990, au moment où l'on m'a proposé de diriger les Editions de La Table Ronde", écrit Tillinac, "j'allais suivre en Somalie un ami abouché avec les ennemis de Siyad Barré. Dégommer un tyran, c'est toujours une bonne chose. Du moins j'avais envie de m'en persuader. J'ai hésité et finalement j'ai choisi la littérature, contre l'aventure. (...) Voici en substance mon anti-destin." Puis la frégate a accosté rue Huysmans -personne n'aimât : "triste, sombre, grand mais gris", disait José (l'un des piliers de la maison, avec Françoise) cet après-midi, puis rue Corneille, avant d'amarrer rue Séguier, où Denis est venu signer avec stylo bille et nonchalance, son service de presse, aujourd'hui. Alice :  "Alors, tu as vu ton livre? Ca te fait quoi?" Lui : "C'est le 30ème, qu'est-ce que ça pourrait me faire!". Dans ces mémoires, le venin de la mélancolie se mêle à celui de la nostalgie. Les années pédégèsques du Hussard chiraquien qui s'est souvent trouvé en Afrique davantage qu'à Auriac, Corrèze, sont placées sous le signe de la profonde complicité avec Marie-Thérèse Caloni, qui fut son bras droit à La Table, et que la maladie emporta au cours de l'été 2006. Le livre lui est naturellement dédié. Tilli y raconte par le menu "le ressac de ses sentiments, les éclats d'une conscience tantôt en vadrouille, tantôt lovée dans le giron de son village ou à l'ombre des arcades du théâtre de l'Odéon. Deux capitaineries aussi peu modernes l'une que l'autre." Il ajoute ailleurs : "Je ne suis pas branché. Je préfère les idées qui émeuvent à celles qui mobilisent, le sourire de l'humour à la hargne de l'engagisme, les sentiments qui rafraîchissent à ceux qui culpabilisent." Tout DT. Suivent la Chiraquie, le rugby, la Corrèze, l'équipe de LTR (Olivier Frébourg, Alice Déon qui sa succédé à Denis Tillinac...), les affinités  et les inimitiés politiques et littéraires, les indéracinables amitiés : Debray, Kauffmann, Dauzier... Et, toujours, comme un chant de merle au crépuscule de son Petit Liré, le retour au bercail, et un avion qui trace le ciel et file -qui sait-, vers Bamako ou Brazzaville. Marie-Thérèse Caloni plane au-dessus du livre, de la page 7 à la page 206, laquelle s'achève par une remarque, tendre, de lucidité méritoire : "Le coeur, grâce au Ciel, n'a pas le don de la chronologie. Le mien en tout cas. Mes années Table Ronde, je les revois comme si c'était hier, je les revis quand ça me chante et ainsi suis-je fait que mes souvenirs ont la manie de seriner sans relâche des airs d'autrefois. C'est peut-être pour ça que je suis devenu un écrivain, et rien d'autre." Yep, Denis, et tu as eu raison de faire diversion (passe croisée) tout à l'heure, en disant que çà faisait vraiment mal au coeur, cette forêt Landaise que nous aimons tous les deux, couchée en une nuit...

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    "Rue Corneille", La Table ronde, 18€. Un précédent livre de Tillinac, "Dernier verre au Danton" (Pocket) évoquait déjà les premières années Table Ronde.

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    * J'y bouffais du manuscrit deux jours par semaine. Je vivais alors à Bordeaux et le TGV était mon salon de lecture préféré. Cela dura deux années. Après, je migrais à Toulouse où un boulot chez Milan mit fin à ces zig-zags. En 2001, je me retrouvais par hasard "auteur maison". La suite appartient à ceux qui lisent tôt.