Ce sont des femmes au ralenti...
Ce sont des femmes au ralenti qui s'échappent doucement du tableau. Le manteau fleuri de la mélancolie, aux tons chatoyants, denses et profonds, glisse de leurs épaules délicates. Chacune possède la grâce d'une sphinge exsangue et érotisée par une vie végétale nimbée de mystère ; un paradis perdu. Ces personnages cristallins portent une fêlure au cœur de leur sensualité. Par couches ou par palimpseste, des êtres silencieux, parfois noyés dans le feuillage, tentent de dévoiler leur histoire avec un geste à peine esquissé, une attitude nonchalante et pudique ; l'absence d'un regard. Il y a des douleurs palpables aussi, des forces internes, une inertie suggérée que le travail des couleurs accroît par la puissance du contraste : vert, brun rouillé, blanc bleuté, eau saumâtre, lie-de-vin, lumière du bitume comme une bile noire... révèlent l'évanescent et le repli, l'échappée lente d'une fragilité sombre, un univers qui chemine vers le blanc comme un bateau dans la nuit. L.M.
(Lilith, photo LM)