Sel de Marseille
Dans le hamac de l'horizon aux lueurs fauves... C'est Louis Brauquier qui, ce matin, illumina mon réveil, depuis cette chambre devant la mer qui embrasse les îles du Frioul et d'If, avec Marseille à tribord, les Calanques à babord, l'éternité à nom de femme dans les draps odorants.
Matin si pur, la mer blanche est une épousée;
Les îles sont à l'ancre.
Puis ce fut un café sur le Vieux Port. Le beau mort, comme le surnomma Albert Londres.
Soleil vif, soles vivantes dans les bacs, faconde de bazar dans les regards des vieux en retrait, à la bouche du métro.
Avant-hier, un souvenir percuta ma mémoire. Celui du démarrage en fanfare des Marins perdus, roman de Jean-Claude Izzo : Marseille, ce matin-là, avait des couleurs de Mer du Nord. Car ce fut un jour de bourrasques, de pluie piquante comme à Waterville, Irlande.
Mais ce matin encore, avant de nous arracher, Brauquier eut le dernier mot : La tendresse des ports est noyée d'amertume.
Peinture de Francine Van Hove