en musardant entre les pages
De la guerre, de Clausewitz, classique d'entre les classiques du genre, avec L'art de la guerre, de Sun Tzu et les anonymes 36 stratagèmes, nous font voir d'un oeil neuf l'offensive concertée, si techno, si starwarisée, menée actuellement en Afghanistan par l'Alliance, contre les Talibans. Certains militaires de l'état-major français sur place ont Clausewitz pour livre de chevet. La continuation de la politique par d'autres moyens n'a peut-être jamais autant porté son sens en elle.
En remontant les ruisseaux, de l'Aubrac et de la Margeride (mais qu'importe le lieu lorsque la littérature le déracine et le rend universel?), du subtil pêcheur à la mouche, érudit et délicat prosateur Jean Rodier (L'Escampette), nous entraîne en amont. Car une rivière se remonte, tandis qu'elle va, d'ordinaire et pour le sens commun, vers la mer, l'océan, un néant où elle se dilue, se noie. Parce qu'une rivière se lit. Comme un livre dont il faut massicoter les pages avant d'y entrer. Et qu'en convoquant Bachelard, Lucrèce, Whitman ou Gracq à ces jouissances naturelles, sauvages, dans une nature âpre et généreuse à la fois, Rodier enchante. Il faut dire que sa prose somptueuse est limpide comme un torrent apprivoisé.
Capri, de Pamela Fiori (Assouline) bel album haut en photos quadri, me convainc une fois encore que la Jet Set a bien fait d'établir ses quartiers sur cette île du Golfe de Naples, à jamais immortalisée par Malaparte et Godard, mais devenue la proie des pipeule du monde entier, comme sa voisine Ischia est devenue celle de la beaufitude du tourisme de masse vendu à l'incrédulité par des T.O. sans vergogne.
Donc, Procida. Mon île. Préservée de tout cela. La 3ème du Golfe, la plus petite, la plus insignifiante, oui! La plus pauvre, la plus intérieure, la plus oubliée, sera toujours -et pas seulement parce que mon berceau familial s'y trouve-, la isola di Arturo (Morante), et aussi celle de mes saisons les plus fécondes.
Ooh! : Massimiliano Tappari signe (aux éditions du Panama, en dépôt de bilan, mais bon) un livre de photos insolites et drôles : des lavabos en forme de visages (photo de couv ci-contre), des valises, des architectures, des plantes, des nuages, des fenêtres, des panneaux d'orientation, des animaux, à la lecture desquels tout fait sens. Humour. Et surtout poésie. Comme un bol d'air pur en pleine grisaille, ses photos ont la grâce du dénuement ingénu d'un regard d'enfant surpris en train de jouer dans sa chambre.