Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Chez le libraire, trois

3
Chaque livre est attendu de moi et le moindre retard m’agace. L’attente se situe ailleurs. Dans l’arrivée du dernier untel;
la couverture de la reprise en format de poche d’un autre. Après, tout devient personnel et relève de la manie. Chez le libraire, je me contente de retourner les romans comme des cèpes (il y a de la chasse aux champignons dans la visite aux livres), pour parcourir le texte de quatrième de couverture. Je feuillette seulement la poésie, pour la lire à peine, la prélever comme on pince un peu de peau croustillante au poulet rôti qui grésille à la sortie du four. Je n’ai qu’un regard vague pour l’histoire, une attention distraite pour les essais et autres documents empilés sur table. Je marque le pas au rayon philosophie. Et puis il y a les réflexes : aller toujours à C et à G pour relever les Char et les Gracq présents, à P pour les Platon, à B pour aimer soudain le libraire qui compte un Blondin parmi ses pensionnaires à l’année. Et qui ne lui présente jamais aucune note. Avant de prendre un livre avec lequel je sortirai, je le goûte : j’en lis un extrait ici, un autre là, et lorsque le plaisir littéralement pâtissier arrive, que je salive, je referme l’ouvrage : à la maison ! Je te mangerai chez moi, nous serons bien, tu verras…

(à suivre)

Les commentaires sont fermés.