Fulgur
Je découvre à l'instant "Le jour à peine écrit", poèmes, 1967-1992, du grand Claude Esteban, éditions Gallimard , qui paraît le 6 avril : c'est d'une beauté fulgurante. Trois exemples, vite, sur quarantedouze (j'y reviendrai) :
(page 155) :
LIX
Je veux mourir dans tes cheveux. L'âme est trop lente ici. La chair ne connaît rien que sa blessure. Tant de nuits sans désir. Ne tarde plus. N'attends pas que ma sève se partage. Nous avions conjuré la peur. Epouse-moi. Je suis seul. Je suis nu. J'ai mangé tout le mal sur d'autres lèvres. Je veux mourir dans tes sillons.
(page 75) :
Le ciel
ouvert en deux.
Elle
sur la margelle du matin.
Danseuse blanche".
(page 15) :
"Armure du matin.
Je ne sors plus
de moi. Je traverse
mes lèvres
sans voir que le soleil
déchire l'air
les murs.
J'invente des couloirs
où le froid s'accumule
courbe
jusqu'à ce cri."