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troptoirs

Ah, ces marchés récurrents et improvisés sur les trottoirs de Paris, avec des monceaux de charcuterie et de fromages corses, basques, auvergnats dégueulant jusque là, et tenus par des types ayant vissé un béret sur leur tête dès potron-minet, mais ne parvenant pas à dissimuler leur accent de Ménilmontant, et qui vous affirment être du cru, lors qu’ils ne savent pas situer avec leur index ledit cru sur la carte. Et qui confondent sans ambages les AOC entre elles, dès que vous leur posez une petite question sur l’affinage, le village, le machin, sans même aller trop loin, car cela deviendrait embarrassant. Ce n’est pas que je sois d’humeur grincheuse ou chafouine, mais j’en ai assez de l’arnaque à ciel ouvert, du rapt sans masque, et de la brutalité que cela produit, en somme. C’est comme ces graffiti au pochoir, sur les mêmes trottoirs, déposés non sans violence, devant les boucheries : « Go Vegan ». Mais merde, à la fin. J’aime la bidoche sans limite, les fromages qui puent, j’aime relever les matoles à ortolans, j’aime la bécasse faisandée de huit jours au moins, j’aime voir une demi-véronique signée José Tomas sur le sable, j’aime ferrer une fario d’altitude à la mouche, j'aime relire Hemingway dans la brousse, j'aime écouter les cerfs bramer, j’aime faire l’amour à l’arrière des berlines, après, mais je ne vais pas faire des pochoirs avec tout ça, au nom d’un instinct pongiste dont je suis de toute façon dépourvu. L.M. 

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