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  • Lettre à mon chien

    Cher KallyVasco,

    Un coup d'oeil rapide jeté ce matin sur ton calendrier, à droite, m'a fait rougir. J'ai honte, Kally. Je ne sers plus ta gamelle quotidienne, je te IMG_3032.jpgdélaisses. Je sais qu'en plus ce n'est pas la première fois. Ne m'accables pas. Mais l'avantage avec toi, c'est que tu as des réserves. Ne le prends pas mal, mais tu relèves davantage du labrador sur canapé que du lévrier de course. Tu en conviens, non? Il suffit de plonger dans tes archives pour savoir que l'on peut y puiser des journées de lecture. Bon, cela ne remplace pas la viande fraîche. Ah, les brisures de riz rond mélangées aux morceaux de bourguignon juste saisis aller-retour. Mais voilà, j'écris. Un roman. Un gros roman en plus. Et lorsque j'ai le nez dans un livre en chantier, je t'oublies un peu. M'en voudras-tu? D'ailleurs, ce n'est pas un, mais deux livres que je poursuis. Pas deux lièvres, rassure-toi, mon chien. Et le second est beaucoup plus simple. Alors je repense à un beau passage des Larmes d'Ulysse, de Roger Grenier. Car il en va, un peu, d'un simple blog comme du work in progress. A l'instar du jogging et du marathon. Je te sers ce passage, en attendant. Tu le relis (je pense te l'avoir déjà donné) et après on ira faire un tour, histoire de se dégourdir un peu les guibolles tous les deux...

    Le livre-chien

    Et si la littérature était un animal qu'on traîne à ses côtés, nuit et jour, un animal familier et exigeant, qui ne vous laisse jamais en paix, qu'il faut aimer, nourrir, sortir? Qu'on aime et qu'on déteste. Qui vous donne le chagrin de mourir avant vous, la vie d'un livre dure si peu, de nos jours.

     

    IMG_3039.jpg

    ©Marine Mazzella : afin d'illustrer ce propos, voici -par métaphore-, un vrai chien, le setter fou baptisé Keita, photographié par ma fille dans la barthe d'Orist, Landes, le 30 décembre dernier.