Restaurer Camus
Albert Camus a trouvé la mort en voiture il y a cinquante ans aujourd'hui; le 4 janvier 1960. Il disait, écrivait simplement les choses réputées compliquées. C'était le contraire d'un jargonaute à la prose ampoulée, comme celle des faiseurs de son époque, qui ne le reconnurent pas et l'excluèrent, comme un étranger à la cause. Camus n'était pas un sophiste. Il ne s'écoutait pas écrire. Encore moins parler. La simplicité de ses origines se lit dans ses oeuvres de fiction comme dans ses essais. A l'adresse de ceux qui le (re)liront, à la faveur d'une actualité foisonnante (rééditions, télés, hors-série...), je voudrais dire qu'il ne faut jamais confondre simplicité et simplisme. Camus n'est pas un philosophe pour classes terminales. Et c'est avant tout un prosateur intemporel. Reprenez Noces, L'Eté, L'Exil et le royaume, La mort heureuse, Le premier homme. Et prenez plaisir à son écriture solaire, si belle qu'elle rend encore jaloux nombre de chichiteux nombrilistes autofictionnels et germanopratins qui ne prennent ni l'air, ni la température du monde en dehors de leur quartier, et qui évitent de goûter au travail de l'autre, comme certains vignerons obtus. Un mot à propos de l'éventuel transfert des cendres de Camus, depuis Lourmarin jusqu'au Panthéon : on a coutume de dire de la collection La Pléiade, qu'elle est le Panthéon des Lettres. Camus, qui y est entré il y a des années, a-t-il besoin d'un second Panthéon? Et un trait de Camus, pour finir cette brève : La bêtise insiste toujours.
Photo peu connue de Camus, piquée sur le Web, où nous nous piquons les uns les autres à longueur de journées et de nuits.