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Chez le libraire, six

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Le hasard existe-t-il ? Je pose le stylo, prends l’air glacé, reviens avec une brouette de bûches, saisis un livre que je ne connais pas.
Et je tombe sur cette parole de Salomon, placée en exergue du second chapitre du « Salon du Wurtemberg », de Pascal Quignard : « Il y a quatre choses que je ne sais pas : le chemin de l’aigle dans le ciel , le sentier du serpent sur le rocher, le chemin du navire en haute mer, le sentier du nom d’un homme dans le cœur d’une femme ».
Je m’assois. Comme je me trouve dans une maison que mes amis J.P. et G. m’ont prêtée, sur l’île de Ré, je sors, enfourche un vélo et file à la librairie du port (l’homme est un vrai amoureux des livres, un délice, et il m’est toujours agréable de discuter avec lui), l’espoir chevillé aux pédales et aux poignets, qu’il aura ce livre en Folio dans ses flancs. C’est plus fort que moi : il me faut l’acquérir immédiatement, thésauriser (ah! le thésor des pirates!), l'ajouter au trésor que constitue ma bibliothèque (c’est elle qui m’a toujours empêché d’acheter une maison –mais j’habite en elle, et je finirai peut-être enseveli sous eux).
Je dispose pourtant du livre –en collection blanche de surcroît-, et j’ai le temps de le lire ici : une semaine va se dérouler lentement comme un tapis volant, devant moi!
Mais non : il me faut interrompre immédiatement cette lecture naissante, et lire mon exemplaire.
Pouvoir l’annoter au crayon. Le tatouer de mes émotions...
Avec les livres, je suis possessif comme on peut l’être avec ceux que l’on aime.
Et c’est aussi pourquoi, chez le libraire, j’acquiers.

(fin)

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