Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • pro(do)mo

    image003.jpg


    Réédition,  vingt ans après, de mon premier roman, avec une préface inédite. Parution le premier octobre prochain.

    Et j'aurai les noms de ceux qui ne l'achèteront pas...

    Cliquez sur le lien ci-dessous (Passiflore), il y a aussi un extrait, une vidéo... Remarquable, le site du nouvel éditeur de Chasses furtives.

    http://www.editions-passiflore.com/ouvrages-a-paraitre/35-chasses-furtives.html

    La 4 de couv. : Couverture-Chasses Furtives.pdf

  • Aimer le loup c’est accepter de le réguler

    Il en va du loup comme du sanglier, d’une certaine manière : la bête noire n’inspire que rarement la sympathie. Entaché depuis les origines d’une image de monstre porteur (comme son cousin le cochon) de nombreux maux originels véhiculés par les religions, le sanglier ne soulève jamais la sensiblerie que d’aucuns reportent sur le chevreuil ou la biche –la femelle du cerf-, ses voisins de territoire. Il en va un peu différemment du lynx : celui-ci échappe à toute mythologie. Gros chat sauvage, petit félin aux oreilles pointues et aux moustaches généreuses, le lynx dévore pourtant nombre de brebis de la région vosgienne. Réintroduit dans le Jura comme l’ours dans les Pyrénées, il a le handicap de n’avoir jamais été présent dans l’inconscient collectif, les contes, les mythes et la littérature populaire dans son ensemble. L’ours, en revanche, jouit de son image –indécrottable des consciences-, de nounours rassurant au poil douillet, qui ne ferait pas de mal à une abeille. C’est pourtant un redoutable animal sauvage essentiellement herbivore et frugivore, assez dénué de sentiment lorsqu’il attaque un mammifère. Le loup, ce sont, pêle-mêle, les images du Petit Chaperon rouge, d’Ysengrin, de la patte farinée sous la porte, le loup-garou (persistant jusque dans un superbe roman de Fred Vargas, L'homme à l'envers), le culte de la peur et celui de la menace, l’image enfin de la louve nourricière de substitution, à la fondation de Rome. Longtemps chassé comme un nuisible dangereux pour l’homme et le bétail, le loup a été éradiqué des campagnes de France depuis des décennies, tandis qu’il continue de prospérer dans l’Est de l’Europe et en Scandinavie. Il revient depuis une petite vingtaine d’années, via les Abruzzes et conquiert facilement chaque jour un peu plus de territoire alpin sauvage, où l’homme ne vit plus guère et où survit un élevage traditionnel de petite échelle. Le loup est donc là, il pose problème car il attaque et se repaît de brebis (plus faciles à choper que les chevreuils ou les chamois). Dans les Alpes aujourd’hui. En Lozère demain. L’éleveur, aux considérations noblement matérielles, n’a que faire des convictions écologiques urbaines, soit d’une vision angélique et muséifiée du loup, icône intouchable sous aucun prétexte, fut-ce la survie d’une activité rurale en voie d’extinction. D’un côté des voix s’élèvent donc depuis des appartements urbains où vivent beaucoup de citoyens qui ont perdu tout contact avec la vie sauvage et les dures lois de la nature, au nombre desquelles la prédation et sa férocité intrinsèque, joue un rôle principal nuit et jour. Leur thèse frôle la zoolâtrie la plus radicale, elle s’arc-boute sur une protection intégrale et sans concession, au mépris des déprédations avérées et d’arguments économiques irréfutables. Ce discours aux relents intégristes fait peu cas d’une culture rurale. Il la méprise au nom d’une vision strictement esthétique d’une nature idéalisée, naïvement rousseauiste. Il n’est pas jusqu’à la littérature pour enfants, aujourd’hui détachée elle aussi d’une mythologie animalière à l’imaginaire jadis prolifique (il n’est qu’à citer la Bête de Gévaudan), pour confirmer cet éloignement abyssal avec la réalité du terrain, la seule qui permette de réfléchir au bien-fondé d’un prélèvement raisonnable de quelques loups perturbateurs –à condition de les repérer très précisément comme tels. De l’autre côté, on se fiche du loup comme d’une guigne car sa perception est celle d’un fléau, au même titre que la grêle une nuit de septembre pour un vigneron. Alors foin de sensiblerie susurrée du bout des lèvres par des écologistes en chambre dont il est à parier qu’ils confondraient un loup avec un chien errant. Et louons par conséquent le courage lucide d’un José Bové, écologiste progressif qui tranche avec tant de discours obtus, hostiles, incapables de s’adapter à l’évolution du monde. Foin aussi d’une bondieuserie qui arrange tout juste les consciences émettrices. Si l’on tire trois ou quatre loups (comme nous devons éliminer quelques requins blancs), le monde n’en sera pas bouleversé et l’économie pastorale (ainsi que les surfers australiens et réunionnais) souffleront un temps. Cela s’appelle la régulation raisonnée. La vision du loup, animal mythique, sera au contraire réhabilitée d’une certaine façon : savoir que nous pouvons en éliminer au compte-goutte en 2012 signifie qu’un équilibre avec la nature, où cohabitent à nouveau de grands prédateurs réputés disparus ou presque et les êtres humains, est peu à peu retrouvé. Qui l’aurait parié il y a vingt-cinq ans ? Cela devrait réjouir tous les nostalgiques. Mais il est à craindre que les théoriciens de la nature vierge et pure, où l’homme n’a pas droit de cité, n’aiment guère ce dernier pour lui contester jusqu’au droit de rétablir l’équilibre à un moment donné. Nous pouvons penser enfin qu’ils n’aiment pas le loup non plus, car refuser le contrôle de sa prolifération, eu égard aux dégâts causés par sa difficile cohabitation avec les derniers bergers et leurs troupeaux, c’est lui contester un réel droit d’existence en communion contrôlée par l’homme, premier des super-prédateurs ; car sa réapparition et son maintien doivent obligatoirement passer par les lois de la gestion d’une nature considérablement désensauvagée. Mais au fond ils s’en foutent : c’est à la télé seulement, au zoo parfois, qu’ils voient les loups et peu leur importe à la fin qu’ils bouffent du mouton ou du chevreuil, ou même qu’ils crèvent de n’avoir plus rien à se mettre sous les crocs, si d’aventure ils prospéraient trop.

  • Rouges de soirs d'été


    cazes-alter.jpegAvec cet été pourri et cyclotomique, il est encore des moments frais et propices à la dégustation de rouges de caractère, à la fraîche... 

    Les Domaines Cazes proposent deux Côtes-du-Roussillon : Alter 2009 et Excellence Triniac 2008. Le premier est un vin bio (raisins issus de l'agriculture biologique et biodynamique), encépagé ainsi :  40% de cazes-excellence-de-triniac.jpeggrenache, 40% de syrah et 20% de mourvèdre. Il passe pour moitié en cuve et en fûts pendant un an. Servi à 15°, il excelle sur des grillades d'été, notamment les côtelettes d'agneau, avec son nez de fruits rouges mûrs et sa bouche suave (13€).

    Le second, du Domaine Latour de France, ogier-cdr-allegories-dantoine.jpegest issu de 40% de carignan, 30% de syrah et 30% de grenache noir. C'est un vin de garde, plus corpulent que le précédent, tannique, qui conviendra à une belle côte de boeuf, en attendant les premiers gibiers (à poil) de l'automne prochain (5,50€!).

    La maison Ogier propose Les Allégories d'Antoine Ogier 2010, un Côtes-du-Rhône issu de grenache et de syrah qui voit le jour sur le plateau caillouteux du Plan de Dieu. Beau nez puissant de fruits rouges, de tabac blond et légèrement réglissé en bouche. Un bel équilibre et une fraîcheur étonnante. Parfait pour les cous et les coeurs de canard (en persillade) à la plancha (10,90€).

     

  • Marie des Brumes

    téléchargement.jpegJe retrouve ce poème d'Odysseus Elytis qui fut longtemps punaisé dans mon bureau de rédac'chef ici et là, car il m'aidait à passer certaines journées loin des forêts et des marais.

    A l'heure où dans leurs bureaux à déprime

    pendus à leurs téléphones

    d'épais connards se chamaillent pour des broutilles,

    toi tu te hisses en plein Amour et tu composes un hymne à

    "Marie des Brumes", si bien interprété par Angélique

    Ionatos : "Tu es belle come un phénomène naturel

    par ce qui mène à travers toi vers l'anguille et le lynx ;

    tu es l'averse fraîche au coeur des grands ensembles ;

    la coupure de courant de source divine ;

    l'astrologie viendra veiller à ton chevet

    et trempera ses pronostics dans ton désespoir ;

    tu es belle comme le désespoir

    comme ces tableaux qu'exècrent les bourgeois

    et qu'ils achèteront demain avec leurs milliards

    Iris Marie des Brumes

    avec le sortilège de ton cul quand il

    s'assied soudain distraitement sur un rasoir.