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L’année Klimt à Vienne

Papier paru cette semaine dans Le Nouvel Obs CinéTéléObs/Oxygène.

Cela ne se rate pas, si l'on aime ce peintre génial mort en 1918 à l’âge de 56 ans. Vienne fête tout au long de l’année le 150ème anniversaire de sa naissance avec de nombreuses expositions. L’occasion de découvrir une ville-musée riche de cafés littéraires et de bars à vins.

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C’est d’abord l'occasion de voir plus de toiles du maître Gustav Klimt qu'il n'y en a jamais eu dans sa ville. Et celle de contempler l'oeuvre de son disciple Egon Schiele. Les principales expositions se tiennent aux grands musées Leopold, et Belvedere, mais aussi au Kunsthistorisches Museum (l’équivalent de notre Louvre), à l’Albertina où l’on peut admirer les très nombreux dessins de Klimt jusqu’au 10 juin. Et encore au Musée Autrichien du Théâtre, où se trouve « La vérité nue ». Sans oublier les œuvres singulières comme « La frise Beethoven », à la Sécession, centre d’art  du nom du mouvement artistique dont Klimt fut l’un des fondateurs. Mention spéciale au musée Leopold, qui propose jusqu’au 27 août une exposition rare, Klimt Persönlich (intime), avec plus de 400 documents écrits, en particulier de nombreuses cartes postales adressées par Klimt à Emilie Flöge, l’égérie de sa vie. Le Klimt peintre de paysages y est également très présent, ainsi que des documents photographiques, une reconstitution du bureau de son atelier et d’immenses toiles inachevées. A noter que le Musée Leopold publie à cette occasion un catalogue absolument splendide (version anglaise disponible). Le Belvedere donne à voir les œuvres les plus considérables de Klimt, notamment le fameux « Baiser », décliné jusqu’à l’écoeurement dans d’innombrables produits dérivés. Le Leopold possède la plus grande collection au monde de peintures du génie expressionniste Egon Schiele. Contre le Leopold, se tient le Mumok, musée d’art contemporain de belle facture, prolongé de la Kunsthalle, elle aussi dédiée à l’art contemporain. Tous ces trésors se trouvent dans le bien nommé Quartier des Musées, et le Kunsthistoriches n’est pas très loin de là. Vienne, c'est aussi se faire plaisir –entre deux expos Klimt, en (re)voyant des toiles fétiches au « Louvre autrichien » : un Bruegel emblématique, « Les chasseurs dans la neige », un petit Friedrich, un Velasquez, quelques Kokoschka… N’oublions pas un autre grand artiste viennois, plus contemporain, disparu en 2000 : Hundertwasser, dont on visite la maison et le musée. Par ses réalisations, ce peintre et architecte extravagant donne à Vienne une touche à la Gaudi dans Barcelone. Les autres architectes et décorateurs emblématiques de la Vienne de Klimt se nomment Joseph Hoffmann et Adolf Loos, lequel aménagea par exemple le café Museum, qui est l’un des cafés littéraires les plus célèbres de Vienne. Car cette « ville-musée » est aussi celle du bon café (certains bars en proposent plusieurs dizaines, tous différents, à part le fameux café viennois, mais le simple moka est aussi bon qu’un ristretto napolitain). C’est la ville du bon chocolat (impossible de ne pas goûter à la Sacher Torte, chez Demel ou au Café Sacher –deux institutions). Et des bars à vins. Les Heuriger (tavernes à vins) sont nombreux : goûtez surtout les vins blancs, légers et fruités des collines voisines au-delà de Grinzing, tout en dégustant une bonne charcuterie, chez Gigerl, à l’Artner ou au Zwolf Apostelkeller. Vienne, qui n’est pas la ville des buveurs de bière, est également le repaire d'une certaine mémoire littéraire que l'on s'efforce de chercher en flânant dans les rues, en traînant dans les cafés, dont certains ont conservé dans leur patine un charme qui semble intact. L‘ombre de Stefan Zweig semble planer au superbe café Sperl, et c’est là que les peintres du mouvement Sécession : Klimt, Kokoschka, Schiele, imaginaient leur œuvre (et nous ne parlerons pas des musiciens). Certes, il n'y a pas de passages de l'œuvre de Schnitzler, ou des aphorismes caustiques de Kraus dans l'atmosphère, comme ça, uniquement parce qu'on souhaiterait qu'il y en eût parmi les voitures et les immeubles, et ce malgré un vieux tramway et une architecture imposante; voire lourde. Pourtant, les écrivains célèbres furent ici légion : outre les plus fameux, il y a le vivier des Hofmannsthal, Musil, Canetti, Broch, Musil et autres auteurs « périphériques » comme Rilke, Celan, Stifter. Mais fouiner, renifler les façades, les intérieurs, les visages, pour qui cherche l’esprit d’un Zweig ou celui d’un Klimt, dans les rues de la ville de Freud également, est à la fin fructueuse. Pugnace, la quête aboutit toujours à des lieux de réminiscences, à quelque détail évocateur. Le hasard accroît le plaisir : mieux vaut ne pas se préparer à tout, et laisser au génie des lieux le soin de nous réserver quelque surprise. N'est-ce pas d'ailleurs une définition possible du voyage? Car si le musée Sigmund Freud (le cabinet de consultation, au 19, Berggasse) peut décevoir les aficionados, certains cafés littéraires comme le Central, ou Landtmann, sentent les mots et les pinceaux. Quant à la scénographie exemplaire des expositions consacrées à Klimt, elle augmente notre fringale d’art. Alors pour apaiser une fringale plus terrestre, à proximité de la Sécession d’un côté, et de splendides façades Art Nouveau de l’autre, se trouve Naschmarkt, long marché de plusieurs centaines de mètres, agrémenté d’épiceries fines multicolores et d’une enfilade de bistrots et restaurants en tout genre, comme le délicieux Neni et ses spécialités israéliennes. L.M.

Lire aussi, ici même, à la date du 27 février, Vienne en passant : http://leonmazzella.hautetfort.com/archive/2012/02/27/vienne-en-passant.html

Commentaires

  • bientôt le 14 mai ! j'ai hâte !

  • Happy Christiane! N'oubliez pas de prendre le superbe catalogue de l'expo Klimt intime (Leopold). Vous me raconterez l'expo de l'Albertina sur les dessins (elle ouvrait ses portes le lendemain de mon départ...). RV à la Bastille, avant! Pour le vernissage, plus on est de fous (d'art), plus on rit (large), et plus on boit de Champagne (de vignerons).

  • Oui, il a suffi de votre premier commentaire sur ces expositions pour que je casse ma tirelire ! Ah, ces peintres...
    Et puis Vienne, c'est la maison de Wittgenstein,celle où est mort Schubert,Mozart... C'est tout un siècle littéraire et cinématographique.
    C'est l'ombre aussi d'un passé sombre.
    Enfin, je suis heureuse de ce projet.
    Mais avant, oui, RV à la Bastille !

  • Oui, Léon, tout cela avec un rythme différent, furetant carnet en main et crayon. Empreinte d'un regard posé sur un dessin, une toile, un auditeur (pendant le concert où Ian Bostridge chantait des cantates de Bach dans la grande salle du Musikverein - Formidable pour dessiner car les immenses lustres restaient allumés !).
    Et le métro, Léon. Je connais bien maintenant U3, 4, 1 et leurs croisements ! (Un pass qu'on oblitère une fois et hop on entre librement toute la semaine dans les métros, bus, trams). Pas de file au portillon !)..
    Vous aimez les petits vins blancs légers, j'ai aimé une pâtisserie chez Demel...
    Et ces églises étranges, tantôt dorées comme des cadeaux de Noël, tantôt austères et belles de pierres nues, avec leur sol aux dalles carrées blanches et ocre-rose.
    La frise Beethoven est perturbée par cet échafaudage jaune édifié pour la voir... de plus près, pendant l'exposition. Résultat : il manque cette vue d'ensemble et d'en bas, la sobriété de la salle vide. On la perd un peu et c'est bien dommage.
    Au Kunsthistorisches miseum vous êtes passé très vite... Quelle splendeur mais comment énumérer toutes les toiles réunies là !
    Bien sûr les dessins et toiles de Klimt, les toiles de Schiele.
    La ville est vaste, splendide, impériale. J'ai cherché des petites rues, des vieilles maisons... Difficile ! la guerre est passée ... beaucoup de reconstructions. De plus, 3 jours ça passe très très vite !
    Mais Klimt et Schiele.... Quelle émotion...

  • Oui, Léon, tout cela avec un rythme différent, furetant carnet en main et crayon. Empreinte d'un regard posé sur un dessin, une toile, un auditeur (pendant le concert où Ian Bostridge chantait des cantates de Bach dans la grande salle du Musikverein - Formidable pour dessiner car les immenses lustres restaient allumés !).
    Et le métro, Léon. Je connais bien maintenant U3, 4, 1 et leurs croisements ! (Un pass qu'on oblitère une fois et hop on entre librement toute la semaine dans les métros, bus, trams). Pas de file au portillon !)..
    Vous aimez les petits vins blancs légers, j'ai aimé une pâtisserie chez Demel...
    Et ces églises étranges, tantôt dorées comme des cadeaux de Noël, tantôt austères et belles de pierres nues, avec leur sol aux dalles carrées blanches et ocre-rose.
    La frise Beethoven est perturbée par cet échafaudage jaune édifié pour la voir... de plus près, pendant l'exposition. Résultat : il manque cette vue d'ensemble et d'en bas, la sobriété de la salle vide. On la perd un peu et c'est bien dommage.
    Au Kunsthistorisches miseum vous êtes passé très vite... Quelle splendeur mais comment énumérer toutes les toiles réunies là !
    Bien sûr les dessins et toiles de Klimt, les toiles de Schiele.
    La ville est vaste, splendide, impériale. J'ai cherché des petites rues, des vieilles maisons... Difficile ! la guerre est passée ... beaucoup de reconstructions. De plus, 3 jours ça passe très très vite !
    Mais Klimt et Schiele.... Quelle émotion...

  • Oh, Christiane! Ca avait l'air bien, dites. Hélas, je ne peux m'étendre, là : retour d'un long week-end -et départ ce lundi matin, tôt, pour San Diego (Ca.) jusqu'à vendredi soir. Je vous répondrai dans les grandes largeurs à mon retour (désolé).

  • Bon voyage cher Léon.

  • Alors, Vienne!.. Tu me raconteras.

  • Oui, oui, oui bientôt...;
    là je boucle la valise pour la semaine...

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