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Lisez Musso, Frédéric.

images.jpeg... Pas l'autre, qui se tire la bourre avec Lévy (Marc) pour être le plebiscité le plus niais du moment.
Non, Frédéric Musso. Je vous cite, dans l'ordre, mes préférés : La longue-vue, La déesse, Le point sur l'île, Martin est aux Afriques... (à La Table ronde, comme cet Imparfait du fugitif), et un Albert Camus ou la fatalité des natures, aussi, paru chez Gallimard -situé à environ 10 000 lieues de finesse et de distance, surtout, au-dessus d'un autre essai paru simultanément, mais tellement auto-complaisant et signé de, moi-je-jean-daniel.

 

Oui, lisez la poésie de F.Musso.

Deux exemples, pour tenter de vous convaincre : 

Sur la plage, un enfant détruit son château. Dans le pêle-mêle de ses ombres une jeune fille donne congé au soleil. Le doigt sur la couture du vent tu attends la nuit qui va tomber avec un bruit de métaphore brisée. Leçons de choses d’ici-bas.

 

Belle sous un ciel dégrafé, le visage nu derrière la jalousie d’une pluie d’été, la fille de joie dont la cambrure sanctifie le dur se hâte vers une plage où celui qui l’a eue au béguin l’aimera jusqu’à la lie. Sexe chatonné dans l’eau lucifère.

Commentaires

  • Votre éloge me touche profondément. Vous savez lire les poèmes.Merci

  • De rien. (Je n'ai pas voulu faire de critique mais seulement "donner à voir", en choisissant cependant les textes).

  • Touché! cible atteinte...
    Des mots qui sont comme faena dans une arène...
    Merci Léon!

  • Prego...

  • ça ne m'étonne pas que vous aimiez cette poésie, Léon. Elle est drue, sensuelle et âpre. Bien envie de m'aventurer dans cette écriture...

  • N'hésitez pas, Christiane. Frédéric Musso (j'ai lu sept de ses livres : poésies, romans, essai) est une valeur sûre. Il est malheureusement méconnu. Ce dernier recueil est d'une exigence rare, mais il n'est pas austère. Sa sensualité est sobre et donc forte.

  • Bien, je commande !

  • Je reçois le premier : "Orvieto" , suivi de : "Le jardin dans la fenêtre"
    Je le déguste comme un vin de Ombrie...
    J'aime particulièrement pages 16 et 17, ce portrait de groupe émouvant :
    "Aujourd'hui des anciens murmurent dans des rades en buvant du vin natal. Ils regardent passer les femmes et les voitures. Le dos au mur, une chaise pour le séant, une autre pour le coude, ils aiment la chaleur après que le soleil ne luit plus. "De quelle ville, de quel village viens-tu ? disent-ils. Quel âge avais-tu en 1962, quand nous sommes partis ?" Leurs doigts remuent dans les tramousses qu'on vend sur les marchés métropolitains sous le nom de graines de lupin. Parfois, il m'arrive de sortir de notre réserve. Seigneur, ne me délivrez pas de la nostalgie."

    Ces lignes agrandissent le coeur, le dépouillent : c'est juste beau et fraternel.

    Avant, j'ai lu le jardin (d'un "opéré") dans sa fenêtre et cela m'a ramenée, dans un passé si proche, près d'une dame fragile et tendrement aimée qui aura vécu tant de fois cette traversée périlleuse...

    C'est bien, Léon, cette écriture de Frédéric Musso, alors que dehors les maisons et les trottoirs sont frileux. Ses mots, c'est un petit brasero à glisser entre la vitre et soi, entre le monde gris et froid qui se dérobe (il neige...) et cet appel d'écriture qui donnera consistance aux heures lentes...

  • Oui Christiane, ces mots frappent fort, un peu comme dans "L'homme à la mer" de Jacques Fieschi, paru en 1989, un retour à Oran (mais Musso est Algérois) mis en images aujourd'hui par son ex, Nicole Garcia, sous le titre gracquien de "Un balcon sur la mer". Comme mon hôtel à Procida, "La casa sul mare"... Réminiscences, signes de piste, traces... Musso écrit précis et juste, comme on regarde droit et sans le recours -trop souvent négligé- à la parole.

  • J'ai continué d'explorer l'écriture de Frédéric Musso car je viens de recevoir "L'imparfait du fugitif". J'en parle chez Leo Nemo (dans les commentaires...)
    Merci, cher Léon, de ce que vous offrez de l'écriture des autres et par la vôtre. On a tellement besoin de la littérature quand on n'en peut plus de ce monde...

  • Oui, ce monde... La déception historique et malheureusement renouvelée de ce monde...
    Même la neige, qui tombe d'abondance cet après-midi, paraît douce, en regard.
    Car elle possède la beauté.
    La poésie sauve. Toujours elle sauve, tend sa main et nous aide à franchir l'ornière du chemin.
    Même froidement.
    Le mot.
    L'image.
    La sensation forte.

    Merci de vos commentaires sur leo nemo et ici.
    Frédéric Musso va être content, s'il passe par là...

  • Oui, Leon, une neige en colère. Une neige qui efface les traces...
    Votre poète est en colère, une colère blanche. et j'aime cela. J'aime quand il écrit dans le prologue :
    "Arthur Rimbaud marqua son territoire, parcourant de manière en manière le spectre tout entier. Il aboutit au silence, faute de désir...."
    Je sais le goût de cela.
    ou encore :
    La poésie s'est éloignée des rivages d'origine pour s'exténuer dans la contemplation d'elle-même. Chaque fois qu'on veut l'isoler, comme d'une molécule, elle s'évanouit..."
    Je ressens souvent cela en feuilletant des revues de poésie.
    Je trouve qu'il y a un gaspillage des mots écrits, tant de livres... et le plus cruel c'est que dans cette abondance, certains livres ne seront pas lus ou mal lus, certains manuscrits ne seront pas publiés. Il y a une profonde injustice dans le sort des écritures et de l'art. Il n'est pas vrai que le temps triera. Parfois, peut-être souvent certaines écritures n'atteindront pas leurs lecteurs faute de chance. Parfois, le temps s'arrête de nuire tant c'est beau.
    Il neige mais c'est bizarre. Est-ce que cela vient de moi ? je la trouve noire cette neige, noire comme une encre muette qui n'en pourrait plus d'avoir dit l'impossible de dire.
    J'ai lu, souvent, des billets chez vous et quelques livres. Sous cet amour et cette jouissance de la vie vous êtes tout en douleur, cher Léon...

  • Il y a tant de choses, tant d'informations, tant de ressenti, et de douleur (partagée?) aussi dans votre dernier message, Christiane. La poésie de Musso touche en effet à l'essentiel, soit à l'essence même de la poésie (la métaphore rimbaldienne), votre ressenti, votre vision aussi, sont saisissantes. La neige brûle, dirait Régis Debray. Elle ne fond pas, sauf si on sait la regarder, me dis-je. Le gaspillage que vous évoquez est la douleur majuscule. Chacun la mienne. Celle que vous pointez m'est agréable, car elle est source de mots, donc de (ma) vie.
    Merci, Christiane, de votre sagacité grande.

  • Oui, Leon, cela fait longtemps que nous n'avions eu la chance d'être disponibles en même temps pour échanger ces paroles de lave qui remontent de si loin de notre obscurité. Je crois que c'est cette neige inhabituelle. Comme vous le rappelez : "elle brûle".
    Les terres d'écriture parfois sont en jachère et le soc au repos joue avec la lumière ou avec nos nerfs. Au sombre d'elle, cette terre déchirée pense et panse ses blessures. Elle raconte à qui s'attarde, le feu qui l'a brûlée, les eaux qui l'ont dévastée, les bombes qui ont remué les fosses abyssales du Pacifique. Elle raconte le sang des troufions dans les tranchées mais aussi, sa fierté d'avoir porté le blé et son ivresse quand elle a protégé le chemin des sèves jusqu'aux treilles, aux figuiers, aux oliviers bleus. Parfois je me souviens d'être venue d'elle, je suis rouge de glaise. Un tambour de sang aux tempes. La chair de la nuit et le désir qui frappe. Pierres de soufre. Le poignard du soleil qui raye le silence. La soif qui crépite. Les babines saignantes des loups de mon enfance. Et ce fils gorgé de lait, le premier né, celui par qui j'ai dit oui à la vie.
    Mais maintenant elle semble égarée, ne sait plus si elle doit porter le blé et la vigne. C'est cela la neige d'aujourd'hui, comme un sanglot venu d'elle, revenu à elle. Un grand soleil blanc qui se brise en milliers de ces petits flocons brûlants. La terre a des yeux de flamme rouge comme vos toros et je l'endors, je la berce avec les mots des cantilènes.
    Au commencement je crois qu'il y avait la nuit...

  • les mots polis par Frédéric Musso comme la mer les galets.
    Touchée... coulée et dans la Mer et le vin le soleil blanc la neige au bruit de sucre.
    je lis FM depuis fort longtemps, dire que je l'aime ne me paraît pas trop fort, juste exact!
    merci de votre partage cher Léon

  • Oui nadia roman, l'image du début de son dernier livre sur la "lecture" de la neige par le poète (Cocteau, en l'occurrence), est splendide. "Quand un poète parle de la neige, écrit Musso, on espère qu'il a marché dedans. Pour Jean Cocteau cela fait un bruit de cheval qui mange du sucre."

  • Bonjour Léon,
    Ça fait longtemps que j'essaie de trouver cette citation de Cocteau avec le cheval qui mange du sucre. La connaissez-vous? J'épluche le web mais en vain... merci d'avance

  • Non, je n'ai pas la référence exacte. Il faut la demander à Musso! Mais je chercherai aussi.

  • Tant de bonheur à lire et à relire les textes de Frédéric MUSSO:
    Comme je m'aperçus un jour qu'on ne peut brûler
    ce qu'on a adoré et n'en garder que le diamant
    parce que le carbone ne laisse pas de cendre,
    je compris que trop de choses
    me liaient à mon pays pour que je puisse
    le considérer comme englouti.
    Merci Frédéric.

  • Frédéric Musso est un écrivain rare, précieux, qui compte. Il faut relire La longue-vue, Martin est aux Afriques et ses poèmes comme Le point sur l'île, etc. Précieux, oui.

  • La citation de Cocteau sur la neige et le cheval du sucre vient du Passé défini I, Journal 1951-1952, p. 154.

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