Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • L'enterrament a Sabres

    Pour moi c'est un événement : la reprise dans la si précieuse collection Poésie/Gallimard de la chanson de geste hugolienne, de l'ode à la lande, de ce poème homérique et tsunamique, de cette élégie gasconne d'une belle force tellurique et d'une douceur d'aile de papillon, de cet Office des Ténèbres à la houle majestueuse, de ce chant de grâce et de beauté, de ce poème d'amour à la mort, donc à la renaissance, à la Nature, aux femmes, aux humbles, à la puissance du regard, à l'humus, à l'énergie sourde du silence, à l'oiseau migrateur, à la sagesse des vieux, à l'alios et à la grande forêt de pins, de cette Légende ensorcelante, ensorcelée et  mystique -est, oui, à mes yeux, un événement. Annoncé il y a plus de six mois, je le guettais -un peu inutilement, puisque j'ai l'original paru d'abord chez Ultreia en 1989, puis sa réédition parue chez Mollat en 1996. Et puis sa parution fut repoussée plusieurs fois au cours de l'été et à index.jpgla rentrée. Le voilà enfin! (et d'ailleurs, je ne l'ai finalement pas racheté dans sa troisième version...). Il s'agit du livre le plus essentiel, peut-être, de Bernard Manciet (1923-2005), auteur un-peu-beaucoup-ours que j'eus le plaisir de rencontrer à Trensacq, dans sa retraite de la Haute Lande, et avec qui j'ai partagé le bonheur de publier -chacun son petit bouquin- dans la même collection : lui Les draps de l'été -poème en prose sur la sieste sensuelle des après-midi de l'été landais... et moi Je l'aime encore, long poème en prose, ou journal sans date d'une passion amoureuse torride, sexuelle, donc imprégnée d'érotisme et qui finit mal, forcément, (et dont Manciet me dît, dans une lettre : c'est tellement beau que je ne sais pas ce que vous allez pouvoir écrire après! Purée, ça marque un homme, ce genre de paroles!). Cela vit le jour aux éditions Abacus en 1995, dans l'éphémère collection "Quatre auteurs pour quatre saisons" (les deux autres étaient Michel Suffran et Marie-Louise Haumont. Et les quatre ouvrages étaient emboîtés dans un joli coffret -et j'ignore s'il est encore disponible). L'enterrement à Sabres (titre originel gascon : L'enterrament a Sabres), donc, est paru en format de poche et en bilingue (Occitan-Français) comme la plupart de ses nombreux livres. J'aime profondément l'idée de cette édition à vocation populaire. C'est l'oeuvre poétique majeure de Manciet, qui a beaucoup écrit, d'autres poèmes d'une émotion forte (Un hiver, Accidents, entre autres), des essais brillants (précieux Triangle des Landes, et Golfe de Gascogne), des romans bouleversants et d'une splendide concision (Le Jeune Homme de novembre, La Pluie, Le Chemin de terre). Je sais, je suis certain qu'un jour, dans des années, Manciet sera reconnu comme un immense poète, comme un René Char gascon. Je prends les paris.