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  • Pourquoi je chassais (Ethnologie française)

    Attrapée sur le Web, cette analyse de mon livre Pourquoi tu chasses? Réponses à mes enfants (Bayard, 2000) à travers une étude d'ethnologie réalisée par un chercheur de Sciences Po Aix-en-Provence. Toutes les citations sont mentionnées avec l'abréviation "Ptc". L'article est paru dans la revue Ethnologie française en janvier 2004.

    http://www.cairn.info/revue-ethnologie-francaise-2004-1-page-41.htm

  • au rayon copinage

    mansouriathenescouvwebdef.jpgSaber Mansouri : Remettre l’Athénien et l’autre – esclave, affranchi, étranger, métèque, femme – au travail et au cœur du jeu politique de la démocratie athénienne classique est sans doute une idée scandaleuse aux yeux de Platon, et des historiens modernes fascinés par la voix philosophique atemporelle du Maître, celui qui rédigea La République, Les Lois et Le Banquet. Et pourquoi ?

    Longtemps considérés comme des sujets exclusivement non politiques (histoire économique, histoire du travail, représentations figurées), les artisans et les commerçants apparaissent dans cet ouvrage comme des sujets et des acteurs politiques. Athènes n’est certes pas une république d’artisans. Elle n’est pas non plus une république de commerçants, mais cette nuance ne doit pas négliger le fait que ces catégories sont concernées, voire impliquées dans la vie politique athénienne du IVe siècle. La notion d’homo politicus, chère à Max Weber, apparaît fragile pour qualifier le citoyen athénien.

    Tel est, en substance, le propos du livre de mon ami Saber Mansouri : La démocratie athénienne, une affaire d’oisifs ? Travail et participation politique  au IV ème siècle av. J.C., (André Versaille). Disciple de Pierre Vidal-Naquet, hélléniste, arabisant, Saber enseigne à l’Ecole pratique des hautes études. Le mois prochain, Actes Sud publiera également de lui L’Islam confisqué. À suivre.

    9782758802099.pngUn autre ami, Benoît Jeantet, publie Ne donnez pas à manger aux animaux au risque de modifier leur équilibre alimentaire (Atlantica). L’écriture de Jeantet crépite comme du feu de pin mêlé à du chêne. On dirait du Nougaro en ligne. Ca swingue à chaque page, car l’auteur jongle avec les mots. Ce saltimbanque de l’alphabet est un musicien et le stylo est son instrument. Sa phrase chante, rime et fait sens, et sous couvert de calembours à pleines fourches, Benoît nous dit cependant et surtout des choses fortes, des choses essentielles, intimes et indéfectibles. Le personnage du père, par exemple, de retour de la guerre d’Algérie, est flaulknérien, si je puis me permettre. (Et nous avons envie de goûter à son gâteau, lorsqu’il le sort du four…). Les descriptions sans concession pour la terre sans ânes de son enfance sont tendres comme le blé en herbe, et celles des personnages attachants comme le bûcheron Jocondo  Cantoni, dit Fernando tréss caféss, ou Arezki, sont touchantes et sèches comme un démarrage de Motobécane dans la brume du matin paysan. En plus, Jeantet a son style propre : ses phrases sont  les plus courtes du monde. Et même privées de verbe, elles contribuent à ce feu crépitant qui fait sa signature, en nous servant un coup à boire. Tchin, té!

  • Freud, Rimbaud, In treatment, Le Roi Lear, etc

    Une nouvelle photo de Rimbaud à trente ans, prise à Aden, vient d'être découverte. So what? En plus, elle n'est pas terrible, c'est un portrait de groupe (ci-dessous : le détail agrandi), et Arthur n'a pas l'allure du poète voyant que l'on préfère relire, mais plutôt les traits d'un Proust sortant de chez le coiffeur... L'image, toujours l'image...139860.jpg

    Onfray déboulonne la statue Freud dans son nouvel ouvrage, Le crépuscule d'une idole, l'affabulation freudienne (Grasset). 600 pages pour tuer le père de la psychanalyse. Freud n'aurait fait que projeter sa propre névrose en l'érigant en dogme et en tentant de l'imposer au monde. A la manière de saint Paul, qui aurait pu faire de sa secte une religion planétaire, à la faveur des facilités accordées pour faire prospérer ladite secte par l'empereur Constantin, qui s'enticha des thèses saint-pauliennes, pures projections, donc, de la propre névrose de leur auteur... On sent là le procédé d'Onfray. Et du coup, à la lecture seule de ses premiers détracteurs (Sylvain Courage dans L'Obs, Elisabeth Roudinesco dans Le Monde des Livres, sur Mediapart et ailleurs aussi, car la papesse du freudisme se déchaîne et semble vouloir la peau d'Onfray), je n'ai guère envie de me plonger imméditatement dans l'épais volume qui trône à côté de mon Mac -tandis que je me défends constamment de me laisser empêcher par d'autres jugements que le mien propre (mais je le ferai, bien vite quand même). Le préjugé, toujours le préjugé...

    Au sujet de la psychanalyse, connaissez-vous la série In treatment? On en devient vite accro. L'empathie opère, tant avec l'analyste (interprété par Gabriel Byrne) qu'avec ses patients, que l'on suit semaine après semaine, puisque nous participons de l'impossible voyeurisme par la magie de l'idée de cette série, soit aux séances!..

    Face à ces questions, car la série américaine, version d'une série originelle israélienne, Betipul, réalisée par Hagai Levi, passe en revue le catalogue de tous les poncifs de la psychanalyse, en particulier le sentiment de culpabilité et la mort symbolique du père, sans oublier les sujets  périphériques inévitables comme le coup de foudre de la patiente pour son analyste, mais justement cela permet de se remettre à jour et même de faire un point avec soi-même, je pense au Roi Lear, de Shakespeare. Et notamment à Cordélia, celle des trois filles du vieux roi qui résiste à l'aliénation de son désir dans celui du père, celle qui se tait, ne demande rien, tandis que ses deux soeurs deviennent de pitoyables et néanmoins talentueuses hypocrites lorsque le père annonce sa décision de partager son royaume en trois parts égales. Cordélia est dans l'être, jamais dans le paraître. Elle aimera son père devenu fou, quand ses soeurs l'auront trahi et humilié. Là, ce n'est pas My Kingdom for a horse! (Richard III) que nous entendons, mais : quelques mots d'amour, s'il vous plaît, en échange d'une part de mon royaume, afin d'assurer ma descendance. Lear achète son don, maintient sa descendance sous sa coupe en l'aliénant. Cordélia part, sans héritage, silencieuse et pure, enrichie d'un manque. Mais reste fidèle au père. Et son désintérêt matériel mâtiné d'un amour originel font sa grandeur.




     

  • Balade rimbaldienne, suite (dans Le Nouvel Obs paru ce matin)

    Dans TéléParis OBS de ce matin :

    ARDENNES : A VÉLO VERS RIMBAUD

    Les Ardennes, autour de Charleville-Mézières, la ville de Rimbaud, offrent balades bucoliques et poésie en ville, à 1h30 de TGV de Paris.

    Sa tombe est sobre, à l’instar des relations que le poète entretint avec sa ville, mais une boîte aux lettres dorée des Postes, à son nom, recueille IMG_2183.jpgtoujours les messages de ses fans. Arthur Rimbaud n’aima guère les gens de Charleville, où il naquit en 1854, qui furent par conséquent peu nombreux à suivre la charrette qui portait sa dépouille jusqu’au cimetière de la ville, en 1891. Cependant Charleville entretient la mémoire juteuse d’Arthur. La grande librairie de la rue piétonne Pierre Bérégovoy s’appelle Rimbaud (La ville est encore épargnée par les grandes enseignes du genre). Au n°12 de cette rue, se trouve la maison natale du poète visionnaire. En face, il y a une bonne table de la ville et sa belle cave de vins à emporter, La table d’Arthur R. Passée la splendide place Ducale, sorte de mini-Place des Vosges parisienne, puisque ce sont deux frères architectes à l’inspiration partagée, qui érigèrent les deux : Clément Métezeau à Charleville et Louis à Paris, la même artère piétonne Bérégovoy conduit au Musée Rimbaud, au bord de la Meuse, au lieu et place du Vieux Moulin qui enjambe un bras de la Meuse et derrière laquelle la péniche restaurant La Bohême, offre un joli petit menu et propose des mini croisières jusqu’à Monthermé, situé à 20 km de là par la route.

    La scénographie des Ailleurs

    Sur ce quai Arthur Rimbaud, la Maison des Ailleurs (où Arthur vécut avec sa famillle), à la scénographie splendide, nous entraîne, au fil des treize pièces visitables, sur les chemins rimbaldiens à travers le monde, grâce à une animation visuelle et sonore d’une subtilité et d’un dépouillement d’une grande justesse. Le Musée quant à lui, expose de nombreux manuscrits –la plupart sont des copies, hélas, excepté le poème Voyelles-, des dessins d’Ernest Pignon Ernest (dont ce Rimbaud de pied, ci-contre) l’esquisse originale du fameux Coin de table de Fantin Latour, des photos, des sculptures, des livres bien sûr, et de nombreux objets ayant appartenu à l’homme aux semelles de vent. À leur vue, l’émotion est grande pour l’amateur. Même si celui-ci éprouve toujours quelque gêne à voir une poésie de grand vent muséifiée. À quelques mètres de la gare de Charleville, le premier 4 étoiles nouvelles normes de France a ouvert en septembre 2009. Il s’appelle Le dormeur du val et c’est d’un chef d’œuvre de design et de poésie entremêlés qu’il s’agit. Erigé au rang d’hôtel d’un luxe sans ostezntation de surcroît, il offre 17 chambres dont la décoration est d’une modernité qui subjugue dès le hall d’entrée. L’œuvre totale est signée Carlos Pujol. L’homme a tout fait de A à Z. Il a rendu cet hôtel confortable certes, mais avant tout absolument unique. La poésie d’Arthur figure, manuscrite, sur chaque mur. Métal, béton, tapisseries anglaises, couleurs vives, et le mobilier le plus contemporain du moment cohabitent en une harmonie qui relève de l’impossible équilibre. Enfin, Place Jacques Félix, du nom du fondateur en 1961 (décédé en 2006) de la principale attraction de la ville, le Festival international de théâtre de de marionnettes de Charleville-Mézières –lequel se tient désormais tous les deux ans (prochaine édition en septembre 2011), contre la médiathèque baptisée Voyelles, et à deux pas du Collège Arthur Rimbaud devant lequel trône l’une des deux statues du poète que compte la ville, se trouve la Bibliothèque municipale qui fut le collège où le jeune Rimbaud suivit les cours du professeur Georges Izambard, le déclencheur de la vocation de poète d’Arthur. (...) L.M.

    La suite en kiosque!..

  • Dans L'OBS paru ce matin

    Balades littéraires en Corrèze

    Sur les traces de Simone de Beauvoir à Uzerche et de Colette à Varetz.


    images.jpgUzerche, en Corrèze, est traversé par la Vézère. Simone de Beauvoir y passa son enfance. Ses « Mémoires d’une jeune fille rangée » (folio), ne préfigurent en rien l’auteur emblématique du « Deuxième sexe ». Nous y découvrons l’enfant, puis l’adolescente, qui fait l’apprentissage de la vie à la campagne. Simone dévore les livres et s’immerge dans la nature apprivoisée d’une province douce, découvre les champignons, les oiseaux, les arbres et des sensations sauvages que l’on dirait empruntées à Colette. Le « Castor passa de nombreux étés dans le Parc de Meyrignac, demeure de son grand-père, à Saint-Ybard. La ville d’Uzerche propose une balade courte qu’il est bon d’emprunter, depuis la Place de la Petite-Gare, les « Mémoires » en main, pour passer devant les deux propriétés familiales de la famille de Beauvoir, qui appartiennent encore à ses descendants et qui ne se visitent que sur demande. La seconde fut celle de sa tante. Le chemin est balisé sur 6 km à travers la Garenne de Puy-Grolier jusqu’au Pont-d’Espartignac, au lieu-dit Les Carderies. Il suffit alors de franchir un petit pont et de longer la Vézère pour ressentir, aux abords de la base de la Minoterie, où Simone se baignait avec sa sœur, les après-midi de grosse chaleur, les sensations de la jeune Simone : « Chez ma tante, comme chez mon grand-père, on me laissait courir en liberté sur les pelouses et je pouvais toucher à tout. (…) J’apprenais ce que n’enseignent ni les livres ni l’autorité. J’apprenais le bouton-d’or et le trèfle, le phlox sucré, le bleu fluorescent du volubilis, le papillon, la bête à bon Dieu, le ver luisant, la rosée, les toiles d’araignée et les fils de la Vierge ; j’apprenais que le rouge du houx est plus rouge que celui du laurier-cerise ou du sorbier, que l’automne dore les pêches et cuivre les feuillages ; que le soleil monte et descend dans le ciel sans qu’on ne le voie jamais bouger. » Après, il faut prendre la rue de l’Abreuvoir qui monte vers la ville ancienne et le charme de ses ruelles, pour retrouver le pont Turgot et revenir au point de départ. Là, et si l’on s’efforce de s’y rendre à la fraîche, nous ressentons « le premier des bonheurs » de Simone de Beauvoir, qui fut, « au petit matin, de surprendre le réveil des prairies ; un livre à la main, je quittais la maison endormie, je poussais la barrière ; impossible de m’asseoir dans l’herbe embuée de gelée blanche ; je marchais sur l’avenue, le long du pré planté d’arbres choisis que grand-père appelait le parc-paysage ; je lisais, à petits pas, et je sentais contre ma peau la fraîcheur de l’air s’attendrir ; le mince glacis qui voilait la terre fondait doucement : le hêtre pourpre, les cèdres bleus, les peupliers argentés brillaient d’un éclat aussi neuf qu’au premier jour du matin du paradis ; et moi j’étais seule à porter la beauté du monde et la gloire de Dieu, avec au creux de l’estomac un rêve de chocolat et de pain grillé. »

    Colette, baronne de Castel Novel

    cimages.jpgColette vécut elle aussi en Corrèze à deux périodes de sa vie. De 1911 à 1923, lorsqu’elle fut l’épouse du baron Henri de Jouvenel des Ursins, au château de Castel Novel, là où elle se muait avec bonheur en fermière, architecte d’intérieur et en jardinière, puis au cours de l’été 1940, chez sa fille Colette de Jouvenel, surnommée Bel-Gazou, « fruit de la terre limousine », à Curemonte. Dans le maquis de son œuvre, il faut retenir les pages admirables des « Heures longues » pour savourer les descriptions que l’auteur de « Sido » fit de la campagne corrézienne. « Ici, dès l’arrivée, on sent le cours de la vie, ralenti, élargi, couler sans ride d’un bord à l’autre des longues journées. (…) Comme il resplendit, ce juillet limousin, aux yeux sevrés depuis trois ans de son azur, du vert, du rouge et de la terre sanguine ! Chaque heure fête tous les sens »… La communauté d’agglomération de Brive a ainsi créé en 2008 « Les jardins de Colette », un parc paysager de 4 ha qui retrace le parcours sensible de l’auteur. Situé à proximité du château de Castel Novel, nous y trouvons l’univers enchanteur d’un écrivain habité par le végétal, à travers plus de 10000 essences et 1200 arbres. Il y a le jardin de son enfance à Saint-Sauveur-en-Puisaye, les bois de Franche-Comté, la Bretagne de son amie Missy, la Provence de « La Treille-Muscate », à Saint-Tropez, le Palais-Royal de Paris et bien sûr la Corrèze de Varetz. (...) L.M.

    La suite en kiosque!..

     

  • Tapies à Barcelone

    A lire dans M, mensuel du quotidien Le Monde, à propos de la réouverture, enfin, de La Fondation Tapies de Barcelone, cette brève que j'ai donné ...

     

    thumb_01_figura_sobre_fusta_crema.jpgUne importante exposition de l’artiste catalan : « Antoni Tapies. Les Lieux de l’art », accompagne une réouverture très attendue.

    La façade du bâtiment, signée Lluis Domenech i Montaner, surmontée de « Nuage et chaise », structure géante en fil métallique signée Tapies, donne le ton. La Fondation Tapies, située rue Aragon, en plein centre de Barcelone et à quelques mètres de la Casa Batllo, sans doute la plus subtile réalisation de Gaudi pour un client privé, abrite l’œuvre du chef du file du courant Moderniste, les collections personnelles accumulées par l’artiste ainsi que des expositions temporaires des créateurs qui marquent leur temps. Louise Bourgeois y a exposé. D’importantes rétrospectives (Brassaï, Picabia, Andy Warhol), y ont eu lieu.

    Ce haut lieu de l’art contemporain à Barcelone, avec la Fondation Miro, a enfin rouvert ses portes au début du mois de mars, après deux ans de fermeture. En janvier 2008, la Fondation ferme en effet pour effectuer de simples travaux de mise aux normes de sécurité. Mais un programme de rénovation viendra vite se greffer, sous la conduite du cabinet d’architectes Abalos+Sentkiewicz, qui a profondément modernisé l’espace de la Fondation, notamment en ouvrant au public le second étage, jusque là occupé par les services administratifs du musée.

    Cette réouverture s’accompagne d’une importante exposition d’œuvres récentes d’Antoni Tapies, ainsi que d’une sélection personnelle de ses œuvres les plus marquantes de ces vingt dernières années (l’âge de la Fondation) et enfin d’une partie inédite de la collection personnelle, constituée d’œuvres d’art  de toutes époques et toutes origines, de l’artiste catalan. Tapies appelle lui-même cette dernière sélection « mon Manifeste ».

    L.M.

    Fondation Antoni Tàpies, 255 rue Aragó, 08007 Barcelone

    L’exposition « Antoni Tapies, Les Lieux de l’art, se tient du 5 mars au 2 mai 2010.