Retrouver
Je remonte de la plage vers 19h30 ce jour, où je n’étais pas retourné depuis le 15 juillet, veille de mon opération (un changement de hanche - pas de quoi affoler un hautbois en ôtant un "h" au mot en passant, mais quand même : cela aura obéré mon été : l'anche d'un hautbois, pour les oublieux*). Pieds nus sur le sable. Plonger les yeux fermés. Ressentir la pureté simple des éléments. Réapprendre les sensations primitives, essentielles. Je trouvai ce jour-là un demi-œil de Sainte-Lucie (j’en ai cherché un entier, cherché, en vain, cet après-midi). La Petite Chambre d’Amour, évidemment. Anglet. J’ignorais que, durant ces deux heures très chaudes (34°), infiniment calmes – l’Océan était exceptionnellement méditerranéen, je penserais si fort à mon Amour en devenir, en cette querencia qui fut aussi re-fondatrice de oun trouco, en ce jour béni imprégné de crainte (le bloc opératoire à 8h le lendemain)… Je voulais le dire ici, encore salé, imbibé d’une immense sérénité due au soleil, à la mer, au calme, à la musique douce du ressac, et quoiqu’il en soit, quoiqu’il advienne, car il en fut et il y en eut tant, et que cela surnage et demeure vif comme le sang entre toutes mes fibres. J’embrasse l'Océan atlantique qui bat les flancs de la Petite Chambre d'Amour depuis des millénaires et qui continuera de le faire de plus en plus ardemment ; au cours fluctuant de l'Éternité. L.M.
* L'Amoureuse en secret, poème splendide de René Char : "Elle a mis le couvert et mené à la perfection ce à quoi son amour assis en face d'elle parlera bas tout à l'heure, en la dévisageant.
Cette nourriture semblable à l'anche d'un hautbois.
Sous la table, ses chevilles nues caressent à présent la chaleur du bien-aimé, tandis que des voix qu'elle n'entend pas, la complimentent.
Le rayon de la lampe emmêle, tisse sa distraction sensuelle.
Un lit, très loin, sait-elle, patiente et tremble dans l'exil des draps odorants, comme un lac de montagne qui ne sera jamais abandonné."
Après cette lecture, nous pourrions renoncer à continuer de vivre, si...
Commentaires
Une comparaison avec la anche de hautbois est hasardeuse : cette anche a une durée de vie très limitée…