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  • So sweet was never so fatal

    J’ai repris Othello, ce matin, afin de retrouver ce moment de la scène finale (la II, de l’acte V), où le héros shakespearien s’apprête à tuer Desdémona, qu’il accuse d’adultère avec Cassio, au prétexte que ce dernier aurait été vu avec un mouchoir qu’Othello avait offert à sa belle. Je souhaitais plus précisément retrouver cette phrase si émouvante dans la langue de William : « So sweet was never so fatal », qui devient, dans la traduction qu’en donne François-Victor Hugo (La Pléiade/Gallimard) « Jamais chose si douce ne fut aussi fatale », car j’aime ce vers. Et je suis tombé sur une réplique d’Othello en forme d'onomatopée qui m’a laissé tout chose l'espace d'un instant. Lisez ci-dessous, vous comprendrez... L.M.

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  • Les 24 Oscars de Bordeaux de l'été

    Ayant participé à la dégustation de nombre de bouteilles en qualité de membre du jury, je me suis engagé à dévoiler les résultats de cette grande dégustation. Voici les 24 lauréats : 6 blancs, 6 clairets, 6 crémants, 6 rosés, soit autant d'ambassadeurs des AOC Bordeaux et Bordeaux Supérieur, dont les noms figurent ci-dessous :

    Bordeaux blanc
    Le Loup de la Loubière (9 €) Château Roc Meynard (7,50 €) Château Labatut - Cuvée Prestige (4,20 €) Château La Verrière (5,60 €) Château de Lussac - Le Blanc (11,50 €) Château de Bonhoste - Cuvée Prestige (10,20 €)

    Bordeaux clairet
    Château de Haux (7 €) Arsius (5,20 €) Château La Mothe Du Barry - Cuvée French Kiss (6 €) Château de Lisennes (6 €) Château Sainte Catherine (6 €) Château Penin (7,30 €)

    Crémant de Bordeaux blanc

    De Luze (5 €) Bulles de Lisennes (8,50 €) Premius (6,45 €)

    Crémant de Bordeaux rosé

    Bulles de Lisennes (8,50 €) Les Cordeliers Vintage (15,90 €) Mission Saint Vincent - Cuvée du Saint-Patron (4,50 €)

    Bordeaux rosé
    Château Caminade Haut Guérin (5 €) Château Gandoy-Perrinat (4,95 €) Château Mousseyron (5,20 €) Belle Rosée de Fontenille (10 €) Carrelet d'estuaire - Confidences (6,90 €) Château Penin (7,20 €)

     

    Extrait du communiqué des organisateurs et de sa chargée de communication, Julia Badets : "Influenceurs, blogueurs, journalistes et amateurs, le Syndicat des AOC Bordeaux et Bordeaux Supérieur a sélectionné un jury de 50 passionnés de vins qui dévoile aujourd’hui les 24 cuvées stars du millésime 2020 dans les appellations Bordeaux blanc, Bordeaux rosé, Bordeaux clairet et Crémant de Bordeaux. Ces experts connectés et actifs sur les réseaux sociaux ont goûté à distance plus de 80 échantillons finalistes sur 300 échantillons présentés lors de la première présélection qui a eu lieu par un jury de professionnels à Planète Bordeaux en mars dernier. Ce jury de la finale des Oscars des Bordeaux de l’été a partagé sa dégustation avec sa communauté et bien plus encore... Dégustation connectée réussie : Avec plus de 3500 likes obtenus sur l’ensemble des posts, le compte Instagram @planetebordeaux compte désormais plus de 2500 abonnés (+2,5% en quelques jours)."

     

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  • TAN(N)IQUE

    C'est étrange. Je découvre à l'instant, ou peu s'en faut (question d'heure) la publication déjà ancienne d'un article que j'ai écrit sur le phénomène des tanins, ô combien riche et complexe (qu'on lise Selosse !). Il figure en page 7 d'un nouveau magazine intitulé Racines, "le magazine réservé aux membres du club Ventealapropriete.com." Et voilà que j'attends sous peu la parution du numéro un d'un magazine éponyme, TANIN, auquel j'ai collaboré sans compter, puisqu'il est placé sous la houlette de mon amie Gabrielle Vizzavona. Avec un ou deux "n", éternel dilemme, les tanins surnagent et délivrent leurs tenaces saveurs. C'est l'essentiel. L.M.

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  • À lire dans et sur L'Intimiste

    ... Ma Carte blanche intitulée My funny Ventoline (<= cliquez, puis déroulez).

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    My funny Ventoline 
    Par Léon Mazzella
     
    Je vivais chaque nuit dans la position de Buddha, lorsqu’il est représenté accroupi, en tailleur, le dos rond, le visage dans ses mains largement ouvertes, et qu’il figure une sorte de tortue à la carapace généreuse [comme ça]. J’étais ainsi sur mon lit d’adolescent, dans ma chambre d’enfant, chez mes parents, chez moi encore, j’avais onze ou douze ans je crois, et ma vie nocturne était réduite à une impossibilité de respirer automatiquementabsolument insoutenable, sauf dans cette position, au moins pour un temps certes très court, mais qui avait la vertu de soulager un peu mes muscles, mes os, mon esprit. Je n’aimais donc pas la nuit. Je la redoutais. Elle était synonyme de souffrance. J’aurais voulu l’écourter. Je précédais l’aube d’une heure, parfois, en la hâtant en pensée. Mon amour pour l’aube vient partiellement de là. Je ne parlais pas de mes nuits. Ce tort féconda une fringale d’écriture. Je le crois. La douleur fut peut-être ma chance. Mais à quel prix. J’ai passé des centaines de nuits dans cette position, avec un oreiller calé entre mon ventre et mes jambes repliées. Parfois, je restais ainsi sur la moquette, car le lit m’était trop mou, mouvant, instable, marin ; un hamac sans amarres. Je finissais par penser que chacun devait tenter de dormir ainsi, comme moi, dans cette inconfortable position. En réalité, puisque j’avais connu tant de nuits ordinaires, je savais bien que c’était faux. Mais j’ignorais l’identité de mon mal.  
     
    Surtout, je ne parvenais pas à l’exprimer, comme s’il s’agissait d’une honte, oui, d’une honte. Pire, je crois qu’il m’était acquis que cela devait se passer ainsi. Ne pas parler de ce qui ne va pas, de ce qui fait mal, de ce qui empêche. Telle me semblait être la règle unique. Garder la bouche fermée, les dents serrées. As-tu bien dormi mon fils – Oui papa. Tiens, mange tes tartines, ne te mets pas en retard. Never complain. Et, davantage, en l’occurrence, never explain ; travail d’amont. Les années douloureuses furent nombreuses. Une vingtaine. C’est beaucoup. Vraiment. Ma seule paix, durant tant et tant de nuits, je la trouvai debout, me forçant à lutter contre le sommeil qui m’envahissait pourtant, et à marcher dans la maison, en bas, entre salon et cuisine, et dans le jardin, pieds nus l’été, chaussé l’hiver.
     
    Puisque c’est dehors la nuit que j’ai commencé d’éprouver la nature, je remercie l’asthme de m’avoir familiarisé avec la voûte céleste, avec la voie lactée que j’ai apprise, avec le hululement de la chouette effraie, de la hulotte, de la chevêche, avec l’air chargé de vase et de marée – nous habitions au-dessus de la Nive, à Bayonne, qui charriait deux fois par jour ses remugles montagnards et campagnards à l’aller, et marins au retour. Je le remercie de m’avoir permis d’apprivoiser cette tisane froide des parfums nocturnes de l’herbe, et aussi l’odeur de la rosée, cette autre qui composait un bouquet lié d’une infusion précieuse, une liasse dans laquelle le chèvrefeuille se frottait à la menthe, la rose trémière au tilleul, le gazon tondu à la terre gorgée d’eau. J’écoutais les grenouilles, les crapauds aussi, le chuintement du vol des hiboux, le passage d’un sphinx, gros papillon de nuit, qui venait se cogner au lampadaire municipal, devant le portail de la maison, le passage furtif d’un chat de gouttière, la fuite suave d’un ragondin au poil gominé, car il en traînait, qui remontaient de la rivière, pour venir brouter à l’aise et à l’insu des chiens de garde.
     
    Nous n’avions pas le droit d’être malade, à la vérité. Une sorte d’inhibition causée par la peur de mes parents de voir un de leurs enfants souffrant – mes deux sœurs et moi-même -, m’envahissait. Au moindre éternuement, notre père déclenchait un plan de riposte médical qui, par sa démesure, était grotesque. Mais ça, un enfant le ressent, mais il ne peut encore le dire. Aussi, ai-je toujours étouffé mes éternuements. Le moindre chatouillement de la gorge entrainant un début de toux m’effrayait : ne pouvant la retenir, j’étais aussitôt démasqué, je perdais ma paix, je ne m’appartenais plus. Repéré, objet d’une attention stupide, j’étais aussitôt diminué, réduit à une chose fragile et en danger, dépendante, qu’il fallait calfeutrer, confiner, enfermer, soigner afin d’endiguer le spectre d’un mal plus grand. Je ne sais d’où venait cette frousse de perdre leurs enfants qui animait des parents devenus tellement protecteurs que leur prudence excessive interdisait que nous puissions nous armer en fabriquant des anticorps. En conséquence, ma petite crainte m’obligeait à taire toute égratignure, toute douleur. Mon oreiller absorbait les sons de la toux et de chaque éternuement. La honte d’être malade prit ainsi le relais de la peur. Le sentiment d’être en faute, de faire mal en tombant malade m’étreignait à chaque bronchite. Ainsi passèrent la fin de mon enfance, mon adolescence, et les premières années de ma vie d’homme. L’apparition de l’asthme avait enclenché ces années clandestines.
     
    En 1980, j’avais vingt-deux ans, la disparition de mon grand-père augmenta le rythme de mes crises nocturnes, bien que celles-ci survenaient surtout le week-end, désormais, car j’étais étudiant à Bordeaux, où mes nuits étaient plus paisibles, parfois profondes. Une question d’humidité, sans doute. Mes bronches rétrécirent de tristesse, je ne m’habituais pas à leur chuintement aigu à chaque respiration forcée. Les muscles des épaules et du torse étaient fourbus de devoir se distendre afin d’augmenter la capacité d’une cage thoracique continuellement sollicitée ; par force. Un jour, un copain de lycée, « grand » asthmatique de naissance, me tendit son flacon coudé bleu ciel recouvert d’un bouchon bleu marine. Mais, comme il m’avait déjà dit que son usage l’avait conduit à plusieurs reprises à l’hôpital car il y avait un risque cardiaque à l’utiliser, je refusai. La peur, sans doute, de me retrouver hospitalisé et de recevoir la visite de mes parents, qui transformeraient ma chambre en cellule stérile, en prison à vie, me paniqua. Même si l’étau ne prenait pas de vacances, je choisis de continuer de lutter, de ne pas dormir, d’entamer mes journées épuisé, perclus de courbatures, vermoulu, avec l’impression d’avoir été roué de coups.
     
    Ainsi jusqu’à ce jour de 1991, en pleine brousse, au nord du Burkina Faso. Une crise m’avait soudain saisi à la tombée de la nuit, alors que l’asthme commençait à me laisser en paix depuis quelques années. Il ne s’acharnait plus, mais lorsqu’il resurgissait, il devenait intraitable, ses mâchoires ne desserraient pas. Me voyant empêtré, ayant reconnu les sifflements caractéristiques, un voyageur présent au campement me lança : « Vous semblez avez oublié votre Ventoline en France ». Je répondis que je n’en avais pas, et que je n’en avais encore jamais utilisé. En guise de réponse, il me tendit le petit spray bleu qui ne le quittait pas : « Tenez, vous allez voir, ça va passer tout de suite. Retournez-le, mettez-le dans la bouche et inspirez à fond tout en appuyant dessus. C’est comme ça que ça marche. Allez-y ! ». Je ne réfléchis pas, ôtai le capuchon et envoyai ma première bouffée dans les poumons. Ce fut un choc. La naissance d’un nouveau bonheur. Un miracle. L’apparition de la Vierge. Un orgasme. Un coup de foudre. L’expérience de la sidération. Subjugué, car instantanément débarrassé des griffes du mal, j’éclatais de rire bêtement comme un enfant qui ouvre une pochette-surprise. L’effet fulgurant du salbutamol, la molécule unique composant la Ventoline, son effet bronchodilatateur, m’apparut comme quelque chose d’absolument magique. D’un seul pschitt, d’une seule bouffée de rien du tout, je pouvais annihiler une crise sur l’instant, lors qu’il m’avait fallu jusque-là patienter douloureusement une nuit entière jusqu’à l’aube et au-delà, pour en voir diminuer chacune à mesure, ce jusqu’à l’effacement total. Seule l’anesthésie générale que je subis longtemps après – cette impression de partir inexorablement, de glisser comme du sable entre les doigts disjoints -, produisit un effet comparable mais à l’envers sur mon corps et ma conscience. Je ne conçus aucun regret d’avoir perdu tant de temps. Je n’en voulus jamais à mes parents de m’avoir d’une certaine façon empêché de leur parler du mal dont je souffrais. Je tirais au contraire une certaine fierté de m’être débrouillé par moi-même, de façon empirique certes, mais tout seul.
     
    Depuis, comme chaque allergique, je ne puis me déplacer sans ma Ventoline. Et même si je n’en ai plus l’usage, mon asthme ayant fini par capituler, il me faut quand même (s)avoir un, voire plusieurs sprays pas loin : table de chevet, boîte à gants, sac de week-end. L’oublier pourrait provoquer une angoisse telle qu’elle déclencherait une crise. Aussi, le flacon bleu ciel à bout bleu marine fait-il constamment partie de mon viatique. Aujourd’hui, lorsque la date de péremption est dépassée, je les jette sans les avoir utilisés une seule fois. Et je m’en procure d’autres. Au cas où.
     
    Je remercie aussi cette tentation de mettre ses enfants en couveuse, car se sentir épié en permanence – pour son bien -, génère un besoin de fuir, une soif de solitude. L’envie de s’en sortir. D’apprendre à. Engendre l’aversion pour toute aide. Entretient le devoir de ne jamais se plaindre. Voire celui d’endurer avec stoïcisme. De ne jamais passer pour une victime. D’affronter les éléments, de regarder le soleil en face sans le recours aux lunettes protectrices, d’endurcir son corps, de marcher pieds nus sur le sable brûlant, de prendre des coups et d’en donner parfois. De braver le froid comme la chaleur, la faim et la soif, les ronces comme les vagues. Je pris très tôt le contrepied. J’en conçus une urgente nécessité, un besoin vital. Il me fallut d’abord vérifier qu’un rhume n’est pas mortel et qu’une chute de vélo ne rend pas tétraplégique. Puis, que le surf ou l’escalade ne sont pas des activités si périlleuses qu’on le prétend. Plus tard, que voyager forge la jeunesse. Que courir l’encierro à Pampelune devant les toros envoie sa dose merveilleuse d’adrénaline. C’est donc peut-être grâce à cette surprotection initiale que j’ai toujours aimé braver le risque, faire l’expérience de mes limites, me mettre en danger. Aussi, n’est-ce pas un hasard si j’ai découvert la Ventoline en brousse, après une journée d’approche d’un troupeau de buffles, armé de jumelles, au cours de laquelle je fis une rencontre décisive avec le regard d’un lion.
     
    Reste que l’asthmatique manque d’air, s’il ne manque pas de courage. La course de fond ne sera jamais une discipline dans laquelle il brillera. La course de vitesse sur courte distance (80, 100 m) oui. La nouvelle davantage que le roman. Les histoires d’amour brèves. L’aventure forte, puis classée sans suite. Faire court, ce n’est pas si mal. Que Proust, asthmatique notoire, ait pu écrire une œuvre si ample, aux phrases si longues qu’elles essoufflent leur lecteur à voix haute, laisse penser en somme que son encre était du salbutamol. Funny Ventoline…   L.M.
  • Bouteilles de saison

    Capture d’écran 2021-05-21 à 11.19.13.pngLa cuvée T (rouge) 2018 du château Trians, AOP côteaux varois en Provence, produit par Emmanuel Delhom et sa famille, est un vin bio (depuis 2012) capiteux, généreux, ample, très présent, avec des syrah de caractère (80% de l’encépagement) à peine tutoyées par des grenaches (20%) qui ne s’en laissent pas compter. Un vin gourmand et gorgé de notes de fruits rouges. Le flacon, râblé et large d’épaules, donne le ton en désignant son contenu. 18,50€

     

    Le sauvignon gris de Grain de Lune est unIMG_20200912_120613.jpg bordeaux blanc singulier, car le cépage dont il est issu est relativement confidentiel. Robe jaune pâle, des notes d’agrumes mais pas trop, bouche élégante, finale à peine musquée. C’est le compagnon idéal pour un filet de merlu ou des grosses gambas rôties.. C’est Producta vignobles qui propose cette nouvelle cuvée craft pour à peine 5€

     

    IMG_20210112_201422.jpgLe Pinot noir 1957 by Pfaff est un AOP Alsace 2019 qui fait écho à la date de création de la cave des vignerons de Pfaffenheim. La gamme propose aussi un riesling, un gewurztraminer et un pinot gris. Nous avons choisi de découvrir le Pinot noir, lequel offre une belle robe rubis, un nez agréable pourvu de notes franches de framboise et de fraise, et une réelle présence en bouche, avec des tanins délicats. 12€

     

    Métayage Pinot noir 2019 faitIMG_20210305_113953.jpg partie de la nouvelle gamme bio de la famille Abbots & Delaunay, célèbre pour son savoir-faire bourguignon. Nous sommes cependant sur les collines de Limoux (Sud de France) avec ce flacon sérieux. Belle robe pourpre, nez de petits fruits rouges et noirs (framboise et myrtille dominent), bouche ronde et délicate avec une finale légèrement boisée. Les tanins, tendrement épicés, s’expriment au bout d’une trentaine de minutes, lorsque le vin a trouvé son équilibre. 13€

     

    Capture d’écran 2021-05-21 à 11.46.18.pngBrio 2009, second vin du château Cantenac Brown, est une splendeur lorsqu’on le marie à une txuleta de bœuf souletin maturée à souhait, mais également pour lui seul ! Ce margaux de noble extraction (3e cru classé 1855), sur un millésime des plus réussis de ces vingt dernières années et davantage, est un régal de gourmandise et de fruité (cerise mûre, pruneau en finale), d’élégance (tanins formidables), et de délicatesse (léger vanillé) alliés à une force intérieure qui signe les vins des grands terroirs bordelais. Ajoutez une fraîcheur et une longueur exceptionnelle, et vous n’attendez pas la fin du repas pour passer commande. 40€ environ.

     

    Les Hautains de la cave de Crouseilles sont des vins biosIMG_20210305_113908.jpg sympas. Il y a un blanc moelleux, un Pacherenc du Vic-Bilh 2019 proposé en demi-bouteille : jolies notes d’ananas mûr et d’agrumes confits. Un vin pas trop chargé en « sucre », avec une pointe d’acidité qui donne un coup de fouet bienvenu (6,40€). Et un Madiran. Nous avons dégusté ce dernier dans le millésime 2019 avec beaucoup de plaisir. Il est issu de tannats et des cabernets (sauvignon et franc) d’une belle vérité. Franc, direct, voilà un madiran de caractère qui peut se résumer par les mots de puissance élégante. Belle robe grenat sombre, nez de fruits noirs (mûre) et de réglisse. Bouche soyeuse, avec des notes épicées (vanille). Un régal avec un simple magret. 6,95€

     

    IMG_20210311_131828.jpgLa cave du Marmandais offre de L’Air Libre avec ses deux flacons sans sulfites ajoutés. Ce sont un rouge (merlot 65%t, malbec, cabernet franc) et un rosé (cabernet sauvignon 53%, cabernet franc, merlot, malbec, fer servadou) tout simples, élevés en cuve inox, sans chichis, de vrais vins de copains, de fraîcheur, de charme, de fruité léger et d’apéro. 6,50€

     

    Le Beillou 2018 est un carignanCapture d’écran 2021-05-21 à 15.10.58.png
    expressif proposé par Les Jamelles.
    Ce rouge du sud du Minervois est le produit d’une sélection parcellaire de vignes centenaires. Une robe très sombre, presque noire, un nez subtil de mûre, de myrtille, et une persistance fruitée et épicée en bouche (poivre, léger mentholé) font de ce flacon (élégante bouteille lourde, à épaules larges) l’allié de la cuisine orientale de Yotam Ottolenghi et Sami Tamimi lorsque nous ouvrons l’un de leurs merveilleux livres de recettes de cuisine israélo-palestinienne afin d’en réaliser une. La synthèse. 19,95€ Notons le rosé issu de Mourvèdre 2020 de l’arrière-pays narbonnais et de la plaine de l’Aude, également proposé par Les Jamelles, car il est d’une rare complexité aromatique (agrumes, herbes, épices, fleurs...). 7,40€

     


    La Cave de Tain s’encanaille avec LouIMG_20210330_172025.jpg Garouge et Déshaltère.
    Les étiquettes de ces deux vins sont drôles, et leur jeu de mots bienvenu. Le premier est un 100% syrah 2020 des Collines Rhodaniennes pourvu d’un nez riche en fraise des bois et en mara aussi. Bouche gourmande, simple, on sent les jeunes syrah, n’hésitez pas à rafraîchir la bouteille tandis que vous disposez la chiffonnade de jamón et de chorizo de bellota. Déshaltère 2020, est lui aussi issu de syrah, et il se revendique moelleux. Or, il est plutôt agréablement sec. À servir « frappé », ce rosé humble au nez de fruits rouges et de bonbon anglais présente une grande douceur persistante en bouche. Alliances : un fromage de chèvre frais. 5,90€

     

    IMG_20210328_142134.jpgRouge Fusion 2018 de la Cave de Lugny est une vraie découverte. Cédric Gayet fait se rencontrer Pinot noir et Gamay, et « ça le fait ». Le mariage est connu. Mais, là, il y a du nouveau : les gamay sont élevés en fûts de chêne et en cuves, et les pinots le sont en cuves classiques et en cuve béton ovoïde six mois durant, vous savez ces grands œufs que l’on voit de plus en plus dans les chais ? L’assemblage suit, qui produit un vin étonnament aromatique. Cerise, framboise explosent au nez, et la bouche, ronde, est d’une grande tendresse. Étiquette sympa et un brin militante, avec l’œuf qui y figure. 11,20€

     

    Élégance rosé 2020 du châteauCapture d’écran 2021-05-21 à 15.15.49.png
    Beaubois (Costières de Nîmes): le charme même.
    Syrah (60%), grenache et cinsault à part égale composent ce flacon chic qui reflète la classe naturelle de Fanny Boyer, qui l’élabore avec son frère François. Robe pâle mais scintillante, comment dire... Nez délicat de pêche, de framboise, de groseille sans acidité, bouche ample et généreuse, bien là comme un régal qui se répand. Longueur évidente. Un bonheur rose pour lui-même, ou bien pour trinquer au jardin, devant la mer, avec ou sans charcuterie, mais en musique. Olé ! 11€

     

    À suivre, car j’ai encore nombre de notes de dégustation en retard. A presto.

    L.M.

     

     

  • Demi-siècle, le nouveau Authier

    Capture d’écran 2021-05-17 à 18.30.54.pngAvec « Demi-siècle », Christian Authier se lâche davantage qu’à l’accoutumée. Sa prose est plus déliée, décontractée, farcie par endroits de parler à voix haute (il manque juste le son). Les formules, les traits, les remarques sur notre monde tel qu'il va plus ou moins bien sont toujours aussi ciselées, percutantes et pertinentes, mais il y a davantage de laisser faire, de tableaux minutieusement décrits dans un style d’une souplesse féline – les deux soirées de la fin du livre (surtout la longue première, hilarante), sont un régal fitzgeraldien, ou capotien (si ça se dit, pour Truman). Nous retrouvons l’auteur et son double, Patrick Berthet (la fidélité à la référence de ce patronyme est devenue indéfectible), journaliste « vieille école » ignorant les réseaux sociaux, cultivant un goût précis pour les bons flacons dont chacun, débouché au fil des pages, est précisément nommé (de Gramenon, des Foulards rouges, de Drappier, de Selosse, de l’Anglore, nous sommes informés de cuvées précises, et pas des moindres – et les partageons en pensée avec Patrick et ses potes tout en lisant). Laurence – une fois n’est pas coutume, une femme d’importance, escorte le narrateur, et il s’agit là d’un amour fort. Ces deux là s’aiment à Paris, à Toulouse (dont on connaît à la fin du livre le nom de chaque rue et place), à Istanbul, à Beyrouth sans mesure, et avec une franchise intérieure enviable. « Demi-siècle » est un brin désenchanté comme les quatre ou cinq précédents romans de Authier, bardé de touches à la Houellebecq sur notre triste époque numérisée et envahie par des Arthur qui sont davantage Andersen que Rimbaud. C’est un livre toujours aussi imprégné de cinéma – une drogue dure -, de rock de légende, et de littérature de référence, comme on le dirait de « la puissance de feu d’un croiseur et des flingues de concours ». Les codes, les lieux (comme le Comptoir du relais, à l’Odéon, Paris VI), sont nombreux, et les aficionados, ou bien les habitués de la production de Christian Authier, s’amusent à les reconnaître en les annotant en marge, au crayon. Un jeu toujours réconfortant, façon chat qui ronronne, affalé sur le chauffage. Et la lecture de ce roman tendre et croquant à la fois comme une saint-jacques impeccablement snackée en devient un régal pâtissier. L.M.

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    Christian Authier, « Demi-siècle », Flammarion 19€