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Fruit du Livinage

Capture d’écran 2018-06-19 à 15.46.39.pngChâteau Cesseras 2014. Voilà un Minervois La Livinière de grande qualité, produit par Pierre-André et Guillaume Ournac à Cesseras dans l’Hérault. « Liviner » un vin signifiant déguster un Cru La Livinière repéré par un jury intraitable de pros, puis digne d’être offert en pâture aux papilles de la nation, nous validons ce choix à la suite des sages.

Ce rouge issu de syrah (70%), grenache, carignan et mourvèdre à part égale (10%) est d’une douceur presque cacaotée en bouche, passé un nez d’un velours confondant, sans aspérité à rebrousse-fil : des fruits noirs confits, de l’olive de la même couleur bien huilée et à dénoyauter soi-même d’un coup habile de langue, des épices très douces aussi : vanille, poivre gris. Un soupçon de ce vinaigre balsamique de Modène que l’on fait gicler dans la salade de pousses d’épinard en le goûtant avant à la hussarde et du bout de l’index tapé sur le goulot. Enfin, cette touche lointaine de brumale, la truffe d’été limpide et discrète, timide à force de vivre à l’ombre de Tuber Melanosporum.

Aucune agressivité donc – presque un manque de « pep’s », soit de contrepoint acide ou minéral... Pas étonnant que les rouges de cette appellation soient souvent associés au chocolat (comme ceux qu’élabore Rémi Touja à Carcassonne). C'est ton sur ton.

On n’y retrouve étrangement pas la rugosité du paysage, ni celle du climat, du frimas, de l’aridité sauvage du milieu. Mais quelque chose de maquillé en somme, de recouvert, sauf que cette (bienheureuse et bienvenue) pointe de mentholé en arrière-bouche évoquant le vent coupant de l’aube, et de la nuit aussi, nous empêche de porter un jugement totalement droit... Cuvée quasi confidentielle : 25 000 cols. À 15€ (environ), au vu et au bu de ce qui se fait parfois à la va vite et au même prix dans cette AOC (reconnue en 1999) de l’immense Languedoc, c’est quasi cadeau. 

IMG_20180619_160104_resized_20180619_041459348.jpgEt aussi 

La cuvée Maxime, du célèbre domaine Borie de Maurel (2015), sélectionné, liviné, nous est apparue plus brutale, souple comme un courbaturé de retour de la salle de gym : bougon, le flacon (18,50€). Serait-ce la mourvèdre (100%), qui serait - en l'occurrence - trop taurine, fougueuse comme un bicho de Domecq de début de temporada et donc des premiers lots brut de décoffrage? En tout cas, cela ne colle pas à la (nouvelle) idée que nous devons nous faire de ce cru délibérément soyeux et souple comme un chat que l'on soulève et qui ne veut pas qu'on le fasse mais qui ne résiste pas non plus parce qu'il aime par dessus tout que l'on s'occupe (parle) de lui... 

Et enfin : Les Cailloux blancs, cuvée (2016) du château Pépusque, piloté par Renée et Benoît Laburthe à Pépieux. Bouteille lourde, robe noire, tanins encore rêches, ensemble austère, voire gourd, inexprimé car inexprimable : emprunté, amputé de la parole. À regoûter par conséquent dans quelques mois (22€), afin de ressentir ce que ce domaine a dans le ventre, car il semble réellement avoir à donner du bon. Et qu'une première impression - même si l'on a (l'imbécile et paresseuse) coutume de s'y fier -, ne suffit jamais. L.M.

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