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L'espérance

images.jpegA la terrasse d'un café, je feuillette des magazines. Les pages de rédaction consacrées à la mode et les pages de publicité pour des marques de prêt-à-porter ne montrent que des personnages à la plastique parfaite, mais qui transportent avec une étrange ostentation une morgue terrifiante, au fond de leurs regards vides. L'absence totale du moindre sourire me fait froid dans le dos. Ces robocops de studio-photo semblent nés sans muscles zygomatiques. Ces visages profondément apathiques sont le reflet de notre temps, qui peine à jouir, voire à rire; à peine. Et de la météo du jour aussi -il ne fait pas froid que dans le dos. Malgré nous, le goût de vivre, et celui même d'exister s'amenuisent. Cela sèche imperceptiblement comme flaque au soleil. L'esprit d'innocence s'étiole, la fraîcheur de l'enfance fait la brasse coulée en chacun de nous, l'humour est en berne et la joie d'être au monde m'apparaît en jachère commandée par un moisi ambiant. Je reprends un quotidien que je n'ai pas eu le temps de lire. J'y trouve une phrase lumineuse, sertie dans l'adresse donnée par François Hollande à Libé, le 3 janvier, comme on tombe sur un bouquet de primevères au jaune pâle mais éclatant en cherchant des cèpes dans un sous-bois : L'espérance : je veux retrouver le rêve français. Celui qui permet à la génération qui vient de mieux vivre que la nôtre. Ces mots simples me bouleversent, sans doute parce que ma sensibilité se trouve ponctuellement (hy)perméable. Je souhaite tant que mes enfants connaissent le bonheur simple et l'insouciance solaire de leurs grands-parents. Je voudrais tant qu'ils vivent la jeunesse radieuse de mes parents, comme je l'ai seulement ressentie, gamin, plein d'une immense joie contemplative. Je repense au poème  Ressouvenir, de Hölderlin (photo) -Apprendre, c'est se ressouvenir de ce que l'on avait oublié, me chuchote au passage Socrate-, car il s'achève par ces mots "en bleu adorable" : La mer enlève et rend la mémoire, l'amour / De ses yeux jamais las fixe et contemple, / Mais les poètes seuls fondent ce qui demeure. Je me dis benoîtement que la poésie nous tirera toujours vers le haut, hors des draps, loin du  bruit méchant, vers la lumière et dans l'air vivifiant de l'aube. Et je m'efforce de le croire.


Commentaires

  • je le pense également : la poésie a cette force de nous élever.

  • aucune force n'égalera jamais la poésie : force majeure, principale, cardinale, objective et d'essence souveraine.

  • et par chance, la poésie est dans tout. dans un mot, un regard, un geste, un bruit, un silence, une impatience..
    belle journée

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