Dans les Landes... Mais à Paris, rue Monge
Julien Duboué, chef de Afaria, A table! en Basque, évoqué déjà sur ce blog (le 25 septembre 2008), installé 15, rue Desnouettes, Paris 15, a donc ouvert il y a trois mois à peine une seconde enseigne bien gasconne : Dans les Landes... Mais à Paris (119 bis, rue Monge, Paris 5) et cette nouvelle bonne table, où il se trouve en permanence pour un temps (ayant confié les rênes d’Afaria à son « ombre » en cuisine), ne désemplit pas, même l'après-midi, où une grande terrasse continue de servir à boire et à manger. La formule est formidable : des tapas copieuses (façons raciones à San Seba) et très savoureuses, mêlant terre et mer, terroir basco-landais (les Landes seules ne suffiraient pas!) et pitchounettes incursions ailleurs. Le service est jeune, compétent et très souriant, physionomiste même. C'est servi dans des torchons qui tapissent des pots de résine (comme pour les admirables pieds de cochons désossés, mis en cubes pânés –la star de la carte, à mes yeux et papilles), ou bien des sabots comme on en fabriquait encore, il y a peu, à Siest juste en bas, devant les barthes... (pour présenter la chiffonnade de jambon Ibaïona, ou bien les chipirons aux piments doux, d'une fraîcheur, et donc d'un moelleux et d'un gusto extraordinaires), les tables individuelles et surtout les deux grandes tables collectives, assez hautes, invitent les Parisiens à pratiquer un échange convivial qui a toujours cours, de Peyrehorade le mercredi, jour de marché, à touche-touche aux Pieds de cochons, ou bien le dimanche avant le match de rugby, jusqu'à Fontarrabie, calle San Pedro du côté de Xanxangorri et au-delà, via Bayonne, quai Jauréguiberry, vers Ibaïa et Txotx. L'ardoise, outre un plat de chaque jour, offre une liste de tapas qui font (malheureusement) toutes envie. Outre les précitées (car nous y sommes déjà allés plusieurs fois), il y a aussi la (délicieuse) tortilla, qui change : un coup aux papas bravas et oignons confits, là aux premières asperges blanches... Les filets de caille marinés et délicieusement croustillants, les cœurs de canards en persillade – comme aux Fêtes de Dax, ces gambas avec une sauce d’inspiration thaï à se damner, le mini croissant au jambon truffé, la tourtière aux pommes et sa petite crème au beurre salé : parfaite, et encore ces couteaux et moules basquaise, qu’il me faudra bientôt goûter, ainsi que la poitrine de cochon (ibaïona) et la brochette de jambon au fromage de brebis (ardi gasna)… La carte des vins est évidemment sud-ouest à fond, et c’est bien, tant mieux car magnifique (notamment les côteaux-de-chalosse, vins modestes mais de caractère, trop méconnus à mon goût). Les prix sont assez doux. Un seul petit reproche : il faudrait que l’arrivée des plats ne ressemble pas à une avalanche, car on se sent alors speedé : comme c’est chaud et que l’on n’a pas envie de manger froid de si bonnes choses, on passe d'un plat l'autre à 100 à l’heure… Bon, c'était un samedi soir et la fois précédente, sur semaine, ce coup d'accélérateur ne s'était pas produit. Astuce : commandez les tapas en deux fois ! Par conséquent un immense bravo au jeune chef –il n’a pas 30 ans, natif d’un village infiniment cher à mon cœur, Saint-Lon-les-Mines. J’ai passé le plus clair de mon adolescence dans la campagne autour de la ferme que mes parents avaient achetée à St-Lon, et j'y ai même trouvé le sujet et le cadre de mon premier roman, Chasses furtives (lire ci-contre à gauche). Julien Duboué a fait ses classes chez des chefs qui sont par ailleurs devenus des amis : Alain Dutournier (Carré des Feuillants, Trou Gascon, Pinxo… à Paris), Philippe Legendre (lorsqu’il était au Georges V à Paris) et chez lequel je me trouvais encore avant-hier à déguster sa cuisine pour les copains et la famille, bien planqués en Sologne, ou bien des cuisiniers de respect chez qui je me régale toujours : Jean Coussau à Magescq (Relais de la Poste) , Francis Gabarrus à Saubusse (Villa Stings), ainsi que chez Drouant (j'aime moins) et même chez Boulud à New York! (jamais testé). Aupa!