La magie Leica
Deviendrais-je snob en prenant de l’âge ? Je sais qu’une offre moins onéreuse propose une technologie identique, mais j’ai voulu m’offrir ce Leica. J’ai pourtant toujours cultivé une forme d’allergie aux marques en décousant le crocodile des chemises Lacoste que m’offrait ma mère et en rasant au cutter les languettes Sebago ou Paraboot. Je vilipende le charcutier enrichi bardé de sigles clinquants : Louis Vuitton, Rolex... J’ajoute que je préfère les champagnes de vignerons aux effervescents de marque. Mais la légende, le mythe du photojournalisme des années Capa, Burri. La mise au point d’une étonnante discrétion (j’ai déjà capturé des sujets à leur insu tout en discutant à un mètre d’eux), le silence de l’obturateur, sans parler bien sûr du piqué inouï de chaque image (en N&B exclusivement. Je négligerai la quadrichromie). La magie Leica. Et si cette pastille rouge s’avérait trop voyante, je songerai à énucléer mon boîtier comme on ouvre une huître ou comme on neutralise un cyclope. Et hop ! - Pas tout de suite, quand même. L.M.