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  • Chez le libraire, quatre

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    Dans ma querencia (Bayonne), c’est différent : je fais la tournée des libraires (la plupart sont des potes), les samedi matin que je peux , et comme c’est jour de marché, après les poules, les fromages et les foies gras sur les quais de la Nive, j’achète la presse et je fais ma tournée. J’ai le sentiment étrange que les livres y ont l’accent. C’est un peu comme le pigeon ramier : c’est un grand migrateur qui ne fait que passer au-dessus du Sud-Ouest, or ici, nous l’avons baptisé palombe et nous la tutoyons parce que nous nous sommes un peu approprié l’oiseau : il est sédentarisé dans notre affection. Pareil pour les bouquins (un terme qui désigne les lièvres mâles en période nuptiale : le lièvre bouquine au printemps. Le bouquinage désigne cette période de reproduction. J’aime assez l’idée sémantique qui confond faire l’amour et lire. Et lièvre n’a qu’un « e » à l'accent grave, de plus que livre).
    À l’étranger, je commence par m’enquérir des auteurs français nouvellement traduits. C’est du sport. C’est comme de lire les résultats des matches du week-end dans « L’Equipe » du lundi. La littérature n’échappe pas aux changements de Poules. Ni aux transferts. C’est assez peu intéressant. J'ai perdu la manie d'acheter les éditions étrangères des livres de Gracq. Moins groupie, moins systématique. Je ramollis...

    (à suivre)

  • L'animal-totem

    Un jour, un lion, un regard, une éternité, une minute, un échange plus fort que la parole, un jour un lion, dans la brousse, entre les pailles, un lion dont j'ai croisé le regard, m'a dit.

    Il m'a dit ma vacuité, ma fatuité, mon insignifiance d'homme.

    J'ai été forcé de le croire, il disait vrai. Puis il s'est retourné et m'a planté là. Comme un con. Comme un homme. Le regard de ce lion me dure. Je suis hanté par lui.

    Je sais que ce lion est devenu mon animal-totem : je peux compter sur sa force en moi, en cas de danger. Je sais aussi que je dois me méfier de lui. Il reste un fauve imprévisible.

    As-tu cherché ton animal-totem? Le chamanisme apprend cela. C'est l'animal qui te choisit. Pas l'inverse. Le trouver est une démarche.

    L'animal-totem est un allié. Selon les chamans du Mexique ancien, rapporte Carlos Castaneda, il t'aide dans la voie du guerrier : "Un guerrier est un chasseur impeccable qui chasse le pouvoir; il est sobre et calme, et n'a ni le temps ni le désir de bluffer, de se mentir à lui-même ou de commettre une erreur. L'enjeu est trop important. L'enjeu c'est sa vie, qu'il a mis si longtemps à renforcer et à parfaire. Il n'a pas l'intention de gâcher tout ce soin et cette discipline à cause d'un mauvais calcul stupide, ou par manque de discernement".(Voyage à Ixtlan).

    "Le guerrier cherche l'impeccabilité à ses propres yeux et appelle cela humilité".(Histoires de pouvoir).

    "Le chamanisme est un voyage de retour. Le guerrier remonte victorieux vers l'esprit, après être descendu en enfer. Et de l'enfer il rapporte des trophées. La compréhension est l'un de ses trophées