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  • Champagne Frerejean Frères

    Capture d’écran 2018-08-29 à 06.11.25.pngVV26 Vieilles Vignes, cuvée d'exception de la maison Frerejean Frères, établie à Avize, est issue à  100% de chardonnays sélectionnés de manière drastique, et c'est immédiatement gourmand. Provenant des plus anciennes parcelles du domaine (1926), cette cuvée quasi confidentielle (8 000 bouteilles), vieillie huit ans durant (150€), est d'expression pâtissière, beurrée, crémeuse, mais en même temps grillée, confite, épicée, avec ce soupçon de marrons ouverts d'un coup de canif, et jetés doucement à la cheminée au retour d'une passée aux canards de novembre...

    Signe distinctif qui frappe l'amateur : le flacon est agrafé, et non pas muselé comme la plupart. Ce qui procure une sensation, comment dire... médiévale.

    Robe dense et solaire. Bulle discrète, rapide à l'envol mais fine. Nez  sapide, fruité sec, avec des soupçons plus ou moins osés de coing, de poire et de rhubarbe mûre. En bouche, le régal provient de la densité du liquide, du citronné léger, et d'un sentiment d'écorce, de sous-bois à l'aube, avec des primevères au sol et une migration de grives au ciel...

    Aussi, ce 100% chardonnay (récoltes 2008 et 2009 en Côte des Blancs), crémeux en diable, donc, et néanmoins doté d'une minéralité exacte, nous propulse t-il à la fois entre les pages virilement toniques du Gueuloir de Flaubert (Livre de Poche), et vers celles, chargées d'adrénaline à l'envers, des Syllogismes de l'amertume, de Cioran (folio)

    Capture d’écran 2018-08-29 à 06.10.46.png

    Un mot également du Brut Premier Cru (50% Chardonnay, 50% Pinot noir, 49€), qui constitue l’une des cuvées iconiques de la maison Frerejean Frères, car il vous prend directement par le col avec des flaveurs épicées, miellées, briochées surtout (ça sent incroyablement l’absence du Pinot meunier !..), de pommes au four un rien oubliées, de poire pas encore mûre, de raisin sec et de noisette aussi. Sacré cocktail pour un Brut... peu ordinaire. Faible dosage, dégorgement tardif, lis-je. Le résultat est là : un brut singulier qui donne envie de relire les sages poèmes de Jules Supervielle, Les Amis inconnus, Naissances, La Fable du monde (Poésie/Gallimard). L.M.

    frerejeanfreres.com

     

  • Helena ou la mer en été

    Capture d’écran 2018-08-28 à 10.50.40.pngCe ne peut être le hasard, puisqu’il n’existe pas. J’ai lu hier soir un bref roman, Helena ou la mer en été, de l’Espagnol Juliàn Ayesta, paru en 1952 à Madrid, et seulement en juin dernier en France, directement en format de poche (traduit et postfacé par Xavier Mauméjean). Il y a un air de famille littéraire avec la touchante Gioconda précédemment évoquée ici, du Grec Nikos Kokàntzis. Mêmes émois adolescents, même tendresse, une poésie méditerranéenne en partage avec, au menu : mer, sel, sable, soleil, sieste, rires, et onirisme aussi, mais surtout un fin moins tragique chez Ayesta que dans le récit grec. Le roman est cependant décousu : la première partie a des allures de comédie italienne : un repas dominical au jardin décrit avec talent car, en peu de mots laIMG_20180828_110213_resized_20180828_110239837.jpg joie, les hommes avant la corrida de l’après-midi, les verres de Marie-Brizard, les cigares au bord des lèvres, les enfants qui posent des questions et qui agacent les adultes, puis qui s’échappent, crient, s’amusent, les miettes sur la nappe, les bouteilles de cidre vidées, le soleil qui perce entre les branches, les tantes qui pérorent et médisent par bonté, les cousins de Madrid qui surgissent, la fiesta simple qui se poursuit... Le ton du souvenir de l’enfance est donné sans compter, avec force détails, et nous ressentons le plaisir que l'auteur a eu à écrire ces 36 premières pages. Puis, une partie austère évoque la religion catholique et ses méandres, un IMG_20180828_110139_resized_20180828_110240209.jpgpensionnat, le tabou sexuel, qui nous fait tourner les pages en soupirant. Enfin, une troisième partie tonique et un rien débridée, voit revenir Helena, aperçue dans la première, chargée d’amour retenu pour un narrateur débordant d’amour lyrique et sensuel. C’est tendre, ingénu, sans excès, limpide et ensoleillé. La lecture idoine pour rentrer en douceur. L.M.

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    Le Livre de Poche, 6,40€