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  • Le billet dominical

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    Avec toutes ces mauvaises nouvelles environnementales qui à la fois nous glacent les sangs et nous donnent des coups de chaleur au ventre, je me demande si nous pouvons encore oser dire qu’entre nous, il faut briser la glace – sous peine d’agir contre la planète en faisant monter le niveau des océans en même temps que celui de nos sentiments -, et si, en colère, nous devons nous abstenir de menacer de montrer de quel bois nous nous chauffons – au risque de générer un surcroît mental de particules fines… Ah, nos amis les mots. Pollueraient-ils ? Qu’ils puissent tuer, oui. Néanmoins, ils donnent avant tout à penser, et pansent un peu tout. Mais si… L.M.

  • Caïn caha

    téléchargement.jpeg« L’Aigle et l’enfant », film de Gerardo Olivares et Otmar Penker, avec Jean Reno, Manuel Camacho et Tobias Moretti (sorti en juillet 2016). 

    Abel et Caïn. Le parent défunt, l’autre devenu impuissant, et ici il est violent. Lukas, l’enfant, Keller le père. Le chasseur impitoyable. La mère a péri dans l’incendie de la maison. Le fils unique et inconsolable est devenu sauvage. Il parcourt la montagne. Trouve un aiglon tombé du nid, poussé par son frère aîné, le plus fort de l’aire, qui voulut le tuer. Il le nomme donc Abel. L’affaite clandestinement, dans la ruine de la maison brûlée, à l’insu de son père, qui traque aussi les aigles avec son fusil. Lukas rencontre Danzer, le garde forestier, qui comprend tout, et prend peu à peu l’enfant sous son aile. Il lui apprend à dresser Abel, et le protège du père, des loups, et des pièges à mâchoires… C’est un film un peu too much, mal fagoté certes, avec un discours off récité par Jean Reno/Danzer, mièvre comme peut l'être une page de Paolo Coelho. Cependant, les paysages et les scènes de vol, de chasse de l’aigle surtout, sont inouïs.

    J’ai vu ce film ce samedi soir, et je l'ai aimé, car - c'est personnel -, je me suis retrouvé enfant, adolescent,téléchargement (4).jpeg jeune adulte, dans la peau et dans l’esprit de ce gamin. Autant dire que je me suis vautré dans la pellicule comme un sanglier dans sa souille. Ma passion de la fauconnerie, ma rencontre capitale avec un aiglier exceptionnel (Jean-Jacques Planas), ma volonté profonde d’atteindre coûte que coûte une communion maximale avec la nature, m’y fondre afin de tenter de me faire accepter par le monde sauvage, en (re)devenant moi-même animal, débarrassé de ma (peau de) nature humaine…

    Pour tout cela, chacun peut s'approprier des pans du film à sa mesure, et s'identifier comme on dit. Il s'agit d'une oeuvre qui « parlera » davantage à certains qu'à d'autres, car il s'agit d'un film empathique. C'est une vraie grande émotion, malgré sa friche, et son chablis d’imperfections. L'indulgence gouverne par conséquent, et s'incline devant un film animalier de haut-vol (avec jeu de mots), puis face à un film sensible sur l'enfance fragile, poétique, et avec une histoire d'hommes, de transmission, et de blessure maladroitement perçue, mal pansée, sinon par l'étranger à l'affaire... Grosses ficelles, diront les esprits chagrins et citadins. Et même si la faille de l'histoire est un grand sujet maltraité, ici, il faut le voir, au moins si l'on aime la montagne et les oiseaux de proie.


    téléchargement (2).jpeg« L’Aigle et l’enfant » est par ailleurs à rapprocher du splendide « Kes », de Ken Loach (1969), d’après le livre (captivant) de Barry Hines, dans lequel un enfant, Billy, issu d’une ville minière du nord de l’Angleterre, déniche et dresse, à l’insu de sa famille, un niais – un jeune faucon (crécerelle) -, qui illumine sa vie...

    Et, dans un genre voisin, le film d'Olivares est à rapprochertéléchargement (1).jpeg également du sublime « Les Saints innocents », de Mario Camus (1984), d’après « Los Santos innocentes », roman fort, essentiel, de l’immense Miguel Delibes, et où le personnage infiniment touchant d’Azarias, vieux paysan ingénu, parle aux oiseaux, notamment à une corneille nommée Milan. Et c'est bouleversant… L.M.